Charles Duboys des Sauzais (1759-1843)

 

 

            Charles Auguste Duboys des Sauzais est né à Rennes le 16 octobre 1759 et baptisé à la paroisse Saint-Sauveur le 17 octobre suivant ; il est un fils cadet et 10ème enfant de René Antoine Duboys des Sauzais, procureur au Parlement de Bretagne et de Jeanne Perrine Geslin ; parrain René-Anne – Ange - Félix Duboys, marraine Anne-Toinette Duboys, frère et sœur de l’enfant.

 

            Sa carrière d'ingénieur puis d'inspecteur dans l'administration des Ponts et Chaussées a été la suivante:

-                     Employé en 1780-1782 à la construction d’un pont sur la Vilaine

-                     Il entre à l’école royale des Ponts et Chaussées le 20 septembre 1782 d’où il sort sous-ingénieur.

-                     Envoyé le 15 avril 1784 à Rennes avec le titre de sous-ingénieur de la navigation des Etats de Bretagne, sous les ordres de M. Dechezy, inspecteur général, et M. Liard, ingénieur en chef ; il est attaché aux études de navigation entreprises entre Rennes et Saint-Malo.

-                     Nommé le 1er décembre 1787 sous-ingénieur dans la généralité de Caen.

-                     Il devient ensuite ingénieur des Ponts et Chaussées.

-                      En 1787, il seconde à Paris Dumoustier pour la construction du pont de la Concorde.

-                     Appelé le 7 fructidor an 4 professeur-adjoint de Jacques-Elie Lamblardie (1747-1797) [1] pour l’enseignement des travaux publics à l’école polytechnique.

-                     Rétabli dans ses fonctions d’ingénieur ordinaire dans le département de la Manche le 8 pluviôse an 6 par suite du décès de Lamblardie et de la suppression des postes d’adjoints à l’école ; le 7 germinal an VI (1797), il est nommé ingénieur de l’arrondissement d’Avranches (le même jour, Guignard y est nommé commissaire des guerres) ; puis du district d’Avranches et de Mortain. Il est chargé de l’assèchement du marais de Dol

 

Il fût alors avec M Besnard, commissaire du district de Dol et Bouessan, puis administrateur du district d’Avranches

            En octobre 1793, on le retrouve à Avranches membre d’un comité de défense pour lutter contre la possible arrivée des Vendéens dans la région ; le 16 ventôse an VII (1798), un corps de musique est organisé à Avranches avec 23 personnes dont fait partie Charles Duboys des Sauzais ou Dessauzais (appelé ici Duboys Dusaussais).

            Il habitait à Avranches rue des Chapelières et y avait épousé le 3 septembre 1793 Reine Marie Louise Angélique Maillard, fille de Jean-Baptiste Maillard, avocat, et de Marguerite Desboulets (Desboutetz) (née à Avranches paroisse Saint-Gervais, le 7 août 1768) ; ils eurent quatre enfants :

-          Reine-Augustine née à Avranches le 14 mars 1795 (24 ventôse an III) ; dans une lettre du 27 nivôse (an III ?), il invite son frère aîné à être le parrain de son premier enfant.

-          Amélie-Marie née le 12 août 1796 (25 thermidor an IV)

-          Augustine née le 13 mai 1799 (24 floréal an VII)

-          Auguste-Marie né le 23 avril 1801 (3 floréal an IX)

Puis la famille habita par la suite rue des Trois Rois, au numéro 1, dans l’hôtel de la famille Maillard-L’Epine. Cette grande maison en face de la Basilique se dresse sur l'emplacement d'un hôpital transféré à Malloué. Elle devint l’Hôtel des Trois-Rois et la Poste aux chevaux de la famille Maillard-l'Epine, qui eut pour descendants :

 
- 1. Charles, employé à la Trésorerie nationale ; 
- 2. Reine, mariée à Charles Duboys-Dessauzais ;
- 3. Françoise, mariée à Joseph Sainte-Marie, maître de la poste aux chevaux . Leur fille Hortense (1786-1841) épousa M. Le Teissier, qui prit la direction de cette poste. Ils eurent pour enfants Mmes Salles et Millet. 
- 4. Anne, mariée à Jean Hardy des Alleurs. 
- 5. Jean-Baptiste Maillard, avocat. 
- Et 6. Jeanne Maillard de la Huberdière.
 
        Cette propriété échut à Mme Salles, dont les affections familiales et les bonnes œuvres se partageaient la vie. Elle était Supérieure du Tiers-Ordre franciscain et de la Congrégation, et directrice de l'Ouvroir des Dames de Charité. Elle succomba en cette maison à une douloureuse maladie supportée avec la sérénité des saints, le 4 décembre 1865, à 62 ans.

 

-                     Ensuite nommé ingénieur en chef le 1er floréal an 10 – 1802 - , et chargé du projet de canal de jonction de la Vire à la Sélune ? Céluons ? puis  compte tenu des difficultés d’exécution du projet, envoyé le 1er floréal an 11 dans le département de Jemmapes.

-                      Appelé le 1er janvier 1804 ou 5 ? à Nantes ; en 1807, il devient membre de la Société des Sciences et des Arts de Loire Inférieure – Société Royale Académique de Nantes - sous la qualification d’ingénieur [2]  ; en 1809, toujours à Nantes, les quais de Port-Maillard et du Château furent commencés par l’architecte Sauvaget sur les plans de M. Dubois des Sausais, ingénieur en chef  [3] .

-                     Nommé inspecteur divisionnaire par décret du 25 janvier 1810, il est cité dans l’Almanach Impérial de 1810 comme étant ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, Navigation et des Ports Maritimes de Commerce, en poste à Nantes.

-                     Il est envoyé à la résidence de Turin comme adjoint à Défougères puis à Trèves et à Rome dans le cours de l’année 1811 ; il sollicite un passeport à cet effet.

-                     Appelé le 1er janvier 1812 à la 3ème inspection vacante par le décès de M. Saget.

-                     Envoyé le 20 juillet 1814 à Chalons sur Marne pour y continuer le service de la 3ème inspection, jusqu’en 1830 ; la division était composée de cinq départements : les Ardennes, l’Aude, la Marne, la Haute-Marne et la Meuse.

           

A cette époque, très exactement le 1er avril 1816, il devient membre de la Société d’Agriculture Commerce Sciences et Arts de la Marne ; il en devient Président annuel, le 21ème président, du 7 novembre 1817 au 2 novembre 1818 ; il y « payait son tribut annuel par des communications » ; en 1817 il produit un « Rapport sur la statistique du canton de Ville sur Tourbe », le 26 août 1818, un « Discours sur l’agriculture et ses rapports avec la civilisation », en 1825 : « Observations sur différents objets qui font parties des travaux ordinaires des Sociétés Savantes » [4] ; en 1829 sur « les moyens d’augmenter encore la fertilité de nos terres »… Le texte de cette dernière conférence nous laisse entrevoir l'éventail de ses connaissances éclairées dans de nombreux domaines : les mathématiques, la musique, l’architecture (la cathédrale de Chalons), l’agriculture, l’histoire, la littérature… Etant membre actif de cette société jusqu'à sa retraite, il deviendra par la suite membre honoraire non résident jusqu’à son décès.

 

           Retraité le 19 octobre 1830 à l’âge de 71 ans [5] , il retourna à Nantes, là où étaient ses origines familiales et où il travailla de 1804 à 1810 ; en 1833, on le retrouve membre comme en 1807 de la Société Royale Académique de Nantes et du département de la Loire Inférieure ; il vint sans doute habiter dans la propriété familiale de « la Vrillère » à Saint-Julien de Concelles, là  où avaient résidé son oncle Joseph, de 1717 à 1783 et son père René de 1783 à 1792 ; la maison avait été incendiée le 25 mars 1794, pendant le guerre de Vendée ; seules les dépendances avaient été préservées ; nous pensons qu'il en hérita et qu'il fit reconstruire pour lui la maison actuelle; il vécut là jusqu’à son décès survenu le 31 décembre 1843 à Chalons ou Dormans chez l'une de ses filles ?, la propriété sera revendue par la suite à un dénommé Adolphe Labruère et elle est possédée aujourd’hui par les Dejoie [6], une famille de notaires à Vertou .

 

Décoré Chevalier de l’ordre de la Réunion le 21 janvier 1814, puis Chevalier de la Légion d’Honneur le 1er mai 1821, brevet signé à Paris le 17 octobre 1821, il est noté dans une de ses biographies qu’il n’avait rien publié – sauf ses travaux dans les sociétés savantes de Chalons et de Nantes - ; nous avons seulement retrouvé sur lui aux Archives Départementales de la Marne un dossier qui le concernait ayant la référence 1-G-8 et aux Archives Nationales section Travaux Publics - F 14 liasse n°1152 - des papiers provenant de l’inspecteur divisionnaire Duboys; également aux archives municipales du Havre un rapport professionnel "Ponts et Chaussées. Département de la Loire-Inférieure. Bacs. Bac de Laveau sur la Loire. Devis de travaux à faire pour construction, agrès et appereaux d'une barge destinée au passage de la Loire à Paimboeuf Nantes, le 12 mai 1809. Signé Dubois Dessauzais."

 

Dans le cimetière de Dormans (Marne), il existe une pierre tombale « Duboys Dessauzais » [7] dont la mairie ne retrouve pas la concession ; couverte de mousse, elle vient d’être nettoyée et l’on peut désormais lire : « Charles Auguste / Duboys Dessauzais /ingénieur divisionnaire / chevalier de la légion d'honneur / décès du 31 décembre 1843 / à l'âge de 84 ans / Savant, bon, doué (ou doté ?) de toutes / les (ou nos) vertus civiles et chrétiennes / Qu'il repose en paix" .

 

                                                                                 

 

                                                                                  Yves Duboys Fresney

 

 

PS: concernant la descendance de Charles D des S., nous savons seulement que :

 

1°)  Reine-Augustine, née à Avranches le 14 mars 1795 (24 ventôse an III), se maria en 1818 à Chalons sur Marne où résidait alors ses parents, avec Antoine Charles Jean Le Griel né le 20 décembre 1782 à Strasbourg, décédé le 12 mars 1868 à Paris, officier d’artillerie, capitaine en 1812, lieutenant-colonel en 1815 puis général, commandeur de la Légion d’Honneur le 16 novembre 1840 ; elle toucha une pension dans la Seine puis décéda en 1885 ; inhumée à Dormans dans la Marne avec son mari, et tout près de son père.

Ils eurent huit enfants :

-          Charles Anatole né en 1819

-          Régine Amélie Julie née en 1820 dcd en 1822 à Chalons sur Marne

-          Charles Alexandre Réginald L.G. né à Metz le 6 septembre 1820, décédé en 1841 à l’âge de 21 ans, polytechnicien promotion 1838, inhumé à Dormans ;

-          Anatole Auguste L.G. né le 23 octobre 1822 à Chalons sur Marne rue Saint Nicaise, officier de marine nationale ; il y débute en 1837, affecté au port de Toulon ; aspirant le 1er septembre 1839, enseigne de vaisseau le 16 novembre 1847, lieutenant de vaisseau le 1er janvier 1850, capitaine de vaisseau ? sous les ordres du vice-amiral Fabre, commandant du vaisseau Le Bayard  puis attaché à la Commission des Pêches au Ministère de la Marine ; nommé chevalier de la Légion d’Honneur ; au 1er janvier 1860, il n’a pas d’affectation connue [8] ; il décède le 24 octobre 1863, inhumé à Dormans ; descendance ?

-          Léon Charles dcd en 1831

-          Léon Hubert né en 1831 à Chalons sur Marne, y décédé en 1831.

-          Amélie Julie née vers 1833 dcd en 1863, inhumée à Dormans ;

-          Caroline Anatole née en 1835 dcd en 1909 mariée en 1873 à Paul Honoré Octave Guibert -1801-1878 – inhumée à Dormans ; sans descendance ?

 

2°)  Amélie Marie née le 12 août 1796 (25 thermidor an IV), se maria à Chalons sur Marne en 1824 à Hubert David Hiss – né vers 1797 – maire de Dormans en 1835-1843, conseiller général de la Marne en 1838-1841.

Ils eurent au moins deux enfants :

-          Charles Auguste né à Chalons en 1825 ; se maria à Beaugency (Loiret) Le Verger le 28 juillet 1861 à Marie Agathe Picquenon (1840-après 1891) fille de Jean Auguste Picquenon et de Catherine Alexandrine de Crémillé ; lui décédé après 1891 apparemment sans postérité

-          et Marie Joséphine née (et/ou dcd ?) à Chalons en 1828

 

3°) Augustine, la troisième, née le 13 mai 1799 (24 floréal an VII), resta célibataire , dcd en bas âge ?

 

4°)  Et Auguste-Marie né le 23 avril 1801 (3 floréal an IX) ; à 21 ans, il sera témoin à la naissance à Chalons de son neveu Anatole Le Griel ; conducteur des travaux des Ponts et Chaussées de 3e classe destiné à Cayenne (7 février 1825), à la Martinique (mai 1827), employé à Fort-Royal, conducteur des travaux des Ponts et Chaussées de 2e classe (11 mai 1829), passé à la direction du Génie militaire (14 janvier 1831), rentré en France (1831) ; décédé par la suite ? sans postérité ?

 

 

Cette branche Le Griel, Hiss et Guibert ne serait plus représentée aujourd’hui (correspondante : Brigitte de Diesbach 1 rue Perronet 92 200 Neuilly, descendante d’un premier mariage du général Le Griel)

 

Consulter :

-          Notices biographiques sur les ingénieurs des Ponts et Chaussées depuis la création du corps en 1716 jusqu’à nos jours

-          Société d’archéologie, littérature, sciences et arts des arrondissements d’Avranches et de Mortain 1902

-          Félix Jourdan, ancien notaire, « la chouannerie dans l’Avranchin »

-          Annales de la Société d’Agriculture Commerce Sciences et Arts de la Marne (le secrétaire de l’Association est Sylvain Mikus)

-          Base de données de la Légion d’Honneur « Léonore »

-          Geneanet famille Le Griel – sources Louis Le Griel –

 

 

 

 

 

 

Travaux publics réalisés à Nantes sous la conduite de

M. Charles Dubois des Sauzais, ingénieur en chef

 

(source : La Commune et la Milice de Nantes par Camille Mellinet 1840)

 

1806 : prenant la suite de Mathurin Groleau, reprend le projet de réfection des quais du port de Paimboeuf (plan signé le 22 février 1806)

1807 ?:Recontruction du pont Rousseau

1808 : Réparation du quai Belidor pour 59800 frs

            Construction du quai Belidor depuis le Pont-Maillard jusqu’à la rue Simoneau

1809 : Quais neufs du Port Maillard et du Château – plans de Dubois des Sausais,  l’architecte étant M. Sauvaget (réf : Histoire de Nantes par Ange Guépin – page 512) (voir aux archives municipales un plan signé de lui daté du 15 septembre 1807, allant du pont de la Poissonnerie jusqu’au Château pour des travaux allant de la rue du port Maillard jusqu’à la contrescarpe du Château)

 

            Reconstruction du pont Sauvetout sur l’Erdre en pierre et maçonné

            Place de la Traverse de Varades sur la route de Paris à Paimboeuf (avec Plautier)

1810 : Réparation de la digue à la prairie d’Amont

            Travaux aux murs de soutènement du gué Moreau route de Rennes

Construction d’une digue en remplacement de celle de Toussaint et de Bois-Joly pour joindre les prairies d’Amont et de Biesse

            Réparation du pont de Pirmil et curage de la Loire au même pont

            Construction de deux tabliers pour le bac de Pont-Rousseau

Travaux de déblais, remblais et pavés sur la rive gauche de l’Erdre, de la chaussée de Barbin au pont Morand pour 48 250 frs

            Pavage de la route de Paris

            Elargissement et élévation de la chaussée du Parc aux Fumiers

           

 

 



[1]  Fils d’un chirurgien de l’Hôtel-Dieu de Loches, il publia un mémoire sur les côtes de la Haute-Normandie et épousa à Fécamp le 26 septembre 1780 Hélène Marguerite Bérigny, fille de Jean Bérigny, négociant-armateur à Fécamp.

[2]  Annales de la Société Académique de Nantes et de la Loire Inférieure page 443

[3]  Histoire de Nantes par Ange Guépin – page 512

[4]  Publié dans les annales de la Société pages 45 à 53 

[5]  Il est fréquent qu’après la Révolution, les fonctionnaires prennent leur retraite tardivement, celle-ci leur ayant souvent fait perdre les années nécessaires…

[6]  Bulletins généalogiques familiaux Duboys Fresney et Lemoine numéros  I et III.

[7]  Voir aussi la chapelle Duboys des Sauzais dans le cimetière de Corps-Nuds (Ille et Vilaine)

[8]  Annuaire de la marine 1860