Biographie du Général Etienne DUBOYS FRESNEY

 

 

Le 15 août 1808, naît à Laval Etienne DUBOYS FRESNEY, fils aîné de Etienne Thérèse Amaranthe D.F., 50 ans, militaire, et de Marie Anne Magdeleine GUITET 32ans. Les témoins à l'acte de naissance de l'en­fant sont :

- Jean Baptiste Pierre François GUITET, 63 ans, Président du Tribunal de Commerce de Laval, aïeul maternel de l'enfant.

- Jean Baptiste BIGOT, demeurant à Laval rue des tours, 53 ans, mari de dame Anne GOUGEON THE­BEAUDIERE, grande tante maternelle de l'enfant.

- Et Joseph Marie GUITET DESNOES, demeurant rue des Trois Routes, membre de la Cour de Justice cri­minelle et spéciale, grand oncle maternel de l'enfant.

 La naissance d'Etienne a donc lieu dans la ville d'origine de sa mère et plus précisément rue des Trois Routes, au domicile de Monsieur J. B. GUITET, grand-­père maternel de l'enfant, déjà cité, son père étant à cette époque à Boulogne-sur-mer pour des raisons militaires (voir ci-après page 2 ).

La famille GUITET, anciennement GUITET de la HOULLERIE, est bien connue à Laval pour s'y être installée depuis fort longtemps (voir annexe III).

La plupart de ses membres étaient négociants et a­vaient parfois des fonctions électives dans l'admi­nistration municipale ou hospitalière. Des alliances eurent lieu avec d'autres familles lavalloises, notamment les GOUGEON de la THEBEAUDIERE, BIGOT, GILLARD des HAIES, CROSNIER, HOUDU, GAULTIER, LILA­VOIS, ANJUERE (voir Dictionnaire de la Mayenne de Angot et Gaugain).

La famille DUBOYS FRESNEY, par contre, était originaire de Nantes (voir annexe I). D'abord com­posée de négociants, puis de juristes, c'est pour des raisons professionnelles que la famille devait venir s'établir dans la ville de Rennes, siège du Parlement de Bretagne (voir annexe II). Ensuite viendront les deux Etienne, père et fils, qui seront tous deux militaires.

A la naissance de son aîné en 1808, le père est chef de bataillon dans le corps du Génie. Il terminera sa carrière au grade de colonel, après avoir participé à toutes les campagnes de la Révo­lution et de l'Empire. Ses villes de garnison se­ront successivement Rennes, Boulogne (1804-1811) et Saint-(Malo (1811-1815). Il sera fait chevalier de l'ordre de Saint-Louis, commandeur de la Légion d'Honneur et médaillé de Sainte-Hélène. Egalement fait chevalier de l'Empire par lettres patentes du 26 avril 1810, la Restauration lui confirmera ce titre héréditaire le 21 juin 1817. Célibataire jus­qu'à l'âge de 43 ans puis marié pendant 47 années, c'est à plus de 106 ans qu'il décèdera (après être resté 16 ans veuf et 50 ans retraité).

De son mariage, étaient nés quatre enfants. eux filles succomberont peu après leur naissance aux maladies infantiles. Seuls deux garçons reste­ront en vie: Etienne, le futur général, et Joseph, son frère cadet.

            Durant son déplacement de cinq années environ à Saint-Malo, où il était Major Directeur du Corps Impérial du Génie, DUB0YS FRESNEY, sans doute affec­té à la caserne de la Concorde, loge avec sa famille au séminaire de Saint-Servan. C'est là que deux de ses enfants naissent (Joseph le 23 janvier 1812 et Clémence Marie le 6 août 1815); là aussi qu'une de ses filles décède (Marie Agathe le 7 décembre 1813), l'enterrement ayant lieu, semble-t-il, au petit ci­metière du Rosais sur les bords de la Rance. C'est à l'occasion de ces évènements familiaux, heureux ou tristes soient-ils, que Etienne D.F. père fait la connaissance de Jean Louis Augustin MORAS, médecin militaire, ancien maire de Saint-Servan, et de sa famille, notamment de Jean Julien BODINIER, politicien du pays. Tous devaient soutenir à cette époque le parti girondin. Ils vécurent leurs heures poli­tiques avec le soutien quelque peu protecteur du beau-frère de D. F., Jacques DEFERMON des CHAPE­LIERES, girondin comme eux mais surtout bonapar­tiste de première heure; nommé ministre d'Etat et Directeur des Finances de NAPOLEON I, il sera aussi anobli comte de l'Empire.

Un heureux hasard devait à nouveau réunir les deux familles quelques 100 années plus tard par le mariage en 1904 de Jacques DUBOYS FRESNEY, arrière petit-fils du colonel avec Berthe LEMOINE, arrière petite-fille du docteur MORAS (voir annexe V).

Cette ambiance familiale, militaire grâce au père, mais aussi quelque peu politique, marquera notre jeune Etienne et cela se ressentira plus tard durant sa propre carrière.

            Celle-ci débuta le 22 novembre 1825 par son entrée à l'Ecole Polytechnique, après deux années d'études militaires antérieures. Le passage dans cette école se fait pour lui sans incident, contrai­rement à son frère cadet Joseph qui devait en être expulsé en 1833, après être passé en Cour d'Assises pour des raisons politiques (conspiration contre le Roi appuyée par les Républicains et dénommée « affaire des poudres »).

            Etienne sort de l’école en 1827 avec le grade de sous-lieutenant-élève du Génie, la même arme que celle de son père. Ensuite, pendant deux années et demie, il va suivre les cours de l'école d'application de Metz. La carrière militaire semble donc toute tra­cée et Etienne franchit assez rapidement les diffé­rents échelons de la hiérarchie militaire: lieute­nant en second en 1830, lieutenant en premier en 1831, capitaine 2ème classe en 1833, capitaine 1ère classe en 1841 à l'âge de 32 ans. Les lieux d'affec­tation sont assez divers: Montpellier, Briançon, Paris à l'Etat-Major, Brest, Arras, Rennes (voir annexe VI). En avril 1834, il se trouve aux émeutes de Lyon. Non content de ses promotions militaires, Etienne va parallèlement s'engager dans la vie publique. Il est pendant un certain temps conseil­ler général de la Mayenne puis se présente dans ce même département à la députation du 5ème collège électoral (circonscription de Château-Gontier), en remplacement de M. POUPART-DUPLESSIS. Ce mandat parlementaire lui est attribué par 270 voix contre 210 à M. MARTINET, sur 480 votants et 534 inscrits. Etienne D. F. n'a alors que 33 ans. Siégeant dans les bancs de l'opposition (gauche libérale), il vote notamment contre le ministère GUIZOT, contre l'indemnité PRITCHARD et pour la proposition REMU­

SAT. Le 3 juillet 1846, la Chambre est dissoute.

Aux élections suivantes du 1er août 1846 notre jeune capitaine ne cherche pas à renouveler son mandat. Peut-être pendant ces quatre années avait-il eu des difficultés à mener de front ses deux carrières politique et militaire ?

En effet, comment était-il possible de rendre compte de ses activités politiques devant les électeurs quand par ailleurs, on est envoyé pendant cinq mois en Algérie comme aide de camp du Général MORVAN?

Désormais libéré de toute obligation parle­mentaire, il se consacre exclusivement à sa carrière militaire. Nommé chef de bataillon en 1849, puis lieutenant-colonel en 1854, il est en poste successivement à Paris, Quelern, Laval, Amiens, Vincennes, puis Paris à nouveau où il est « aux affaires » (voir annexe VI). Ensuite, il participe à deux campagnes successives, l’une qu’il fait en Algérie sur sa demande et l’autre en Orient: ce sera la guerre de Crimée, avec successivement Gallipoli, Varna, le débarquement d'Oldfort, la bataille d'Almatamak (ou Alma), enfin le siège de Sébastopol. DUBOYS FRESNEY y dirige la partie gauche des attaques devant le bastion du Mât, au sud de la ville. C'est là, dans les tranchées, que le 14 avril 1855 un éclat de pierre provoqué par un obus lui fracture le fémur droit. Cet accident, survenu dans sa 46ème année, est grave surtout pour un militaire.

 

            Remplacé comme chef d'attaque par le lieutenant­-colonel Guérin, ce dernier est tué le 13 juin 1855 d'une balle dans la tête alors qu'il se trouvait dans les tranchées devant le bastion central. Le colonel Coffinieres prend la suite dans ce poste. D.F. quant à lui, est laissé à l'ambulance pendant 3 mois et il ne sera rapatrié qu'après, avec un congé de 4 mois. Les inspections de l’armée, pendant plusieurs années, noteront son impossibilité de monter à cheval et une légère raideur dans sa jambe. Certaines inspections préciseront cependant que cela ne l’empêche pas de marcher longuement et qu'il reste encore apte à remplir parfaitement ses fonctions. Il sem­ble néanmoins que cet accident aie handicapé Etienne DUBOYS FRESNEY, tant dans sa vie journa­lière que militaire. Peut-être sa promotion en a t-elle été ralentie?

            Assez rapidement cependant les activités re­prennent. D'abord en casernement à Paris, il est ensuite affecté au commandement en second de l'é­cole Polytechnique, où il laisse, semble-t-il, le plus sympathique souvenir. C'est là, en 1859, qu'il sera nommé colonel. Muté à Metz puis de nouveau à Paris sur sa demande, il fait alors partie d'une Commission Mixte chargée de procéder à la réception d'une nouvelle caserne construite dans la Cité pour le service de la Garde de Paris (date de la récep­tion des travaux: 8 avril 1867). Le 31 juillet 1867,

            D. F. est nommé général de Brigade et passe à cette occasion à l'Etat Major Général de l'Armée. Membre du Comité des fortifications, il s'occupe aussi de l'Inspection générale du Génie pour les années 1868 et 1869.

            Le 16 août 1870, atteint par la limite d'âge de 62 ans, il est "admis" dans la section de réserve, au moment même où éclate la guerre contre l'Allemagne. Toujours affecté par sa blessure, notent encore cer­taines inspections de l'époque, il est cependant maintenu temporairement au Comité des Forteresses de Paris pour prendre une part active dans la défen­se de la capitale. Directeur des travaux de fortifi­cations incombant au service du Génie, il est spé­cialement chargé du secteur compris entre le Mont Valérien et Saint-Denis. Il ne quitte pas cette der­nière place pendant le bombardement qu'elle subit en janvier 1871.

Par décret en date du 25 janvier 1871 -publié au Journal Officiel du 27 janvier- le général Etien­ne DUBOYS FRESNEY est promu Grand Officier dans l'Ordre national de la Légion d'Honneur, après 47 années de service, 6 campagnes et une blessure. Il avait été fait successivement Chevalier le 17 avril 1845, Officier le 28 décembre 1854 puis Commandeur le 26 décembre 1864. Décoré de l'Ordre turque de Medjidié de 4ème classe (autorisation du 15 décem­bre 1854), il avait aussi reçu la médaille de Cri­mée, la médaille Britannique ainsi que la médaille de la valeur militaire de Sardaigne (autorisation du 23 février 1857).

En définitive, D. F. eut une vie militaire bien remplie. Il a pu, grâce à l'arme du Génie, développer ses grandes qualités de technicien, et être ainsi à l'origine de nombreuses réalisations militaires:

- Projet d'enceinte de Brest, qui a mérité une lettre de félicitations du Ministre et qui a été exécuté.

- Construction à Rennes des écuries et d'un manège.

- Construction à Paris d'un magasin à blé de la manutention.

- Construction toujours à Paris de la prison militaire de la rue du Cherche-Midi.

- Travaux de défense des côtes de Bretagne, notamment à Quelern (lettre du ministre de la Guer­re du 18 août 1851).

- Travaux civils et militaires à Orléansville et Tessey.

- Etude des nouveaux forts de la place de Metz, qui ont joué un si grand rôle pendant la guerre de 1870.

            D'autre part, D. F. a su tout au long de sa carrière conserver ses qualités humaines et ainsi avoir de très bonnes relations autant avec ses supérieurs hiérarchiques qu'avec ses subordonnés. Les rapports annuels de l'Armée lui étaient toujours favorables (voir ci-après page 11 ); un éloge fu­nèbre devait plus tard dire de sa vie militaire que, officier des plus distingués, nature d'élite et essentiellement sympathique, il avait été d'une très grande bonté pour ses subordonnés, très aimé et estimé de tous ceux qui l'avaient connu; donnant les plus nobles exemples de courage et de dévouement au devoir, il laissa dans l'Armée d'unanimes regrets. Bienfaiteur de la Société de secours des veuves et des orphelins des officiers du Génie, il sera aussi, de 1888 à 1892, président de la Société amicale de secours des anciens élèves de l'école polytechnique.

Après la campagne contre l'Allemagne à Paris,­le 1er mars 1871 très exactement, DUBOYS FRESNEY cesse donc tout service actif dans l’Armée et il va pouvoir ainsi continuer à servir son pays dans les assemblées, ce qu'il n'a pas fait depuis 1846 (voir ci-dessus p 4). Il se présente tout d’abord sans succès aux élections générales législatives du 8 février 1871 et échoue dans la Mayenne avec 15642 voix sur 72352 votants.

            Par contre, une élection législative partielle de ce même département a lieu les 25 juin et 2 juillet de la même année, suite au décès de M. Stanislas de la VAUGUYON, monarchiste légitimiste. Le général s'y présente et se fait élire par 40896 voix républi­caines contre 18022 à M. BRUNET de la CHARIE, lé­gitimiste, sur un total de 59494 votants et 97748 inscrits. Pour décrire l'atmosphère électorale de l'époque, citons le Manifeste Républicain de la Mayenne:

« Les monarchistes disent que la République est incompatible avec l'ordre, avec la religion, avec la propriété ..! Mais qui donc tout à l'heure à Paris vient de rendre la paix, de rouvrir les églises profanées, de faire respecter le droit des citoyens, sinon la République, servie par nos vaillants soldats? Qui donc s'est associé au deuil profond de la conscience humaine en rendant aux otages martyrs les derniers devoirs, sinon les gouvernements de la République ? »

« Les monarchistes disent que notre crédit est perdu en Europe, que nous ne pourrons reprendre notre rang qu'avec la monarchie ..! Mais qui donc hier a réalisé cet emprunt colossal sans précédent dans notre Histoire; qui donc a inspiré, non seule­ment en France mais encore à l'étranger, assez de confiance pour ameuter les capitaux et changer notre défaite matérielle en triomphe moral... sinon la République? »

Citons encore cette opinion, d'ailleurs très personnelle de son auteur, sur le résultat des élections de 1871 :

"Dans la Mayenne, soucieuse comme elle le sera toujours de ne pas contrarier ouvertement le pouvoir, c'est un grand propriétaire catho­lique, le Général DUBOYS FRESNEY, qui est élu comme républicain conservateur, partisan de THIERS, en remplacement d'un légitimiste. Son adversaire d'extrême droite qui s'est déclaré partisan de la monarchie légitimiste est largement battu.. »

A l'occasion des sessions parlementaires, D.F. vient loger au 27 du Boulevard Malesherbes à Paris. Dans les rangs de l'Assemblée , il prend place au centre gauche (tendance THIERS et DUFAURE), alors que les 6 autres députés de son département votent à droite. Lui se prononce avec la minorité :

- contre les pouvoirs constituants de l'Assemblée (225 contre et 434 pour) (vote du 30 août 1871)

- contre la démission de THIERS (331 contre et

362 pour) (vote du 24 mai 73). THIERS souhaitant une république conservatrice, la majorité royaliste de l'Assemblée obtint sa démission et celui-ci fut remplacé par MAC MAHON .

- contre l'arrêté sur les enterrements civils (251 contre et 413 pour) (vote du 24 juin 1873).

Par un renversement de tendance de la Chambre, annonçant ainsi la naissance de la IIIème République, il vote ensuite avec la majorité:

- contre la question de confiance posée par le ministère BROGLIE (381 contre et 317 pour) (vote du 16 mai 74)

- pour l'amendement WALLON (353 pour et 352 contre) (vote du 30 janvier 75)

- pour l'ensemble de la constitution (425 pour et 254 contre) (vote du 23 février 75)

- contre le service militaire de trois ans - contre le septennat (novembre 73)

- contre les projets de restauration monarchique.

 Lors de tous ces votes, de même que pendant les travaux en commissions, DUBOYS FRESNEY devait rencontrer souvent deux autres députés – César GINOUX DEFERMON et Jules BERNARD DUTREIL - avec qui il était en parenté par le biais de Jacques DEFERMON des CHAPELIERES (déjà cité page 3). Cependant, ceux-­ci n'étaient pas du tout de la même famille politique que lui puisque le premier était bonapartiste votant à droite et le second monarchiste. Comme D.F., ce dernier avait débuté dans l'Armée en passant aussi par l'Ecole Polytechnique.

Le 31 décembre 1875, l'Assemblée se sépare. Le général se présente alors aux élections sénatoriales du 30 janvier 1876. Il est le seul candidat républi­cain et passe le 1er sur 2 avec 170 voix sur 337 électeurs. Il avait déclaré dans sa profession de Foi qu'il serait heureux de consacrer sa vie à la défense de l'ordre, du drapeau tricolore et de la liberté.

Au Sénat, qui siège à Versailles jusqu'en novembre 1879, D.F. poursuit toujours la même li­gne politique. Il soutient les ministères républi­cains sur toutes les questions scolaires, religieu­ses et coloniales. Il vote contre la dissolution de la Chambre des Députés demandée par le minis­tère de BROGLIE, à la suite de l'acte du 16 mai 1877. Le Sénat, en majorité conservateur, admet malgré tout cet ta dissolution qui a lieu le 25 juin 1877.

 

A la séance du 18 décembre de la même année, il prend la parole pour faire une série de rapports d'intérêts locaux, militaires et financiers (voir Annexe VII).

C'est vers cette même époque qu'il est nommé membre d'une commission d'enquête, chargée d'exami­ner une dénonciation faite par plusieurs candidats à l'Ecole Polytechnique et relative aux conditions d'examen. Ancien élève et ancien directeur de l'éco­le, D.F. était à même de faire partie d'une telle commission.

Lors du renouvellement triennal du Sénat, le 5 janvier 1879, il est réélu le 1er par 190 voix sur 333 votants. Les républicains sont alors majo­ritaires, ce qui force la démission de MAC MAHON le 30 janvier 1879. Plusieurs fois réélu, il se retirera définitivement de la vie publique en 1887, en s'abstenant de se présenter aux élections séna­toriales du 5 janvier 1888.

Après sa longue carrière militaire - 55ans de service actif - après une longue représentation politique- 20 années au Parlement et plus encore au Conseil Général de la Mayenne - DU80YS FRESNEY songe désormais à prendre une retraite toute méri­tée. Celle-ci ne sera en fait que de courte durée puisque c'est le 10 octobre 1893, à l'âge de 85 ans que le Général et Sénateur s'éteignit au Château de 1a Chevalerie en Châtelain (Mayenne). Les honneurs militaires lui sont rendus le 13 octobre à Laval où il est aussi inhumé. Sincèrement religieux, la mort de cet homme a été, comme sa vie, celle d’un chrétien. Nous voici donc arrivés au terme d'une vie bien remplie qui a connu, de près ou de loin, tous les évènements militaires, politiques et civils français du 19 ème siècle; qui a connu la révolution de 1830, les évènements de 1848, la Commune, les 2 guerres de Crimée et de 1870, et puis 3 régimes politiques - la monarchie, l'Empire et surtout la III ème République à laquelle il adhéra entièrement.

 

Après cette biographie très officielle de notre personnage, examinons désormais sa vie privée, tant personnelle que familiale.

Les rapports des inspections annue11es de l'Armée nous apportent tout d'abord des données intéressantes sur le physique et sur le caractère. Nous apprenons par exemple que D.F. était de taille moyenne, d'un physique agréable et ouvert, d'une allure distinguée. Sa santé était excellente et sa constitution des plus vigoureuses, devenant forte avec l'âge. C'était un homme énergique, d'une gran­de capacité physique et intellectuelle. Modeste par nature, il était cependant très instruit. Bon dessinateur, mélomane, il ne parle par contre aucune langue étrangère. Son jugement était ferme et droit mais aussi conciliant parce que de nature bienveil­lante et douce, avec un caractère un peu indépen­dant. Il était aussi d'un grand dévouement, très serviable et zélé à son devoir. Sa conduite et sa moralité étaient irréprochables.

Sur l'entourage familial du Général, nous savons que celui-ci se maria à l'âge de 26 ans avec Claire RONDELOU, 19 ans, fille unique d'un médecin lavallois (voir annexe IV). L'autorisation militaire du 13 août 1834 cite un état de fortune de 150000 francs de rente pour lui, et pour elle la même somme reçue de sa mère décédée. Le mariage eût lieu le 15 septembre 1834.

De cette union, naquit 4 enfants (voir annexe V):

- Marie Amélie née en 1835

- Etienne Albert né à Laval le 7 avril 1837

- Marie Ernestine née à Laval le 1er mai 1841

- Et Marie Claire.

Le général s'efforcera de maintenir l'unité de sa famille, malgré ses nombreux déplacements. Vers 1860, il fera construire à cet effet une grande de­meure sur des terres qu'il possède à Origné au lieu­dit La Roche, ceci dans une situation heureusement choisie au-dessus de la Mayenne, dira l'abbé Angot.

Mais, de nombreux décès viendront s'abattre sur sa famille. Tout d'abord , deux filles du général décèderont en bas âge. Puis la mère du Général s'é­teindra en 1848, son beau-père le docteur RONDELOU en 1849, son père en 1864, son frère Joseph en 1872 et sans postérité; enfin son épouse décédée à Saint Germain en Laye (7 rue de Médicis) le 17 avril 1876. Le général décèdera lui-même en 1893.

Seuls, 2 descendants subsisteront à toutes ces disparitions: Marie-Ernestine qui restera céliba­taire et sera en cela la compagne dévouée des dernières années de son père. Et Etienne-Albert, son frère aîné, qui poursuivra seul la descendance en ayant 4 en­fants de Cécile et Berthe d'Héliand, 2 soeurs qu'il épousera successivement (voir annexe V). Ingénieur des Mines de formation, philanthrope par nature et politicien par goût, il sera pendant longtemps maire d'Origné, conseiller général de la Mayenne et séna­teur de ce département. Pendant la guerre de 1870, il s'engagera dans l'Armée de la Loire et fera la campagne de France par l'extérieur de Paris, pendant que son père était dans la capitale pour la défendre. C'est pour faits de guerre qu'il sera fait Chevalier de la Légion d'Honneur. A ce propos, il faut rappeler et préciser que le Colonel D.F., son grand-père, avait été fait Chevalier héréditaire de l'Empire (voir ci-dessus page 2), à la condition cependant que les chefs des trois générations successives soient admis dans l'Ordre de la Légion d'Honneur. Cette condition a été remplie, et à chaque fois pour services militaires: le colonel avait été fait com­mandeur, son fils le Général Grand-Officier et son petit-fils Etienne-Albert Chevalier, comme nous ve­nons de l'indiquer.

            Telle a été sur 3 générations la famille DUBOYS FRESNEY. Et telle a été plus précisément la vie du Général Etienne DUBOYS FRESNEY. Elevé dans les grands principes de la Révolution Française de 1789, celui-ci a su se montrer un vaillant républicain. Mais de toutes les idées de cette "Grande Tourmente", sa force fut cependant de ne retenir parmi celles-ci que les plus réalistes et efficaces - même si elles étaient les plus modérées. Ordre, justice et sage liberté sont les 3 thèmes qu'il a le plus défendu tout au long de sa vie. Peut-être était-ce là sa devise !

 

Juillet 1976.

 

Yves DUBOYS FRESNEY.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

ANNEXES

 

 

- Tableaux généalogiques

° Ascendants et collatéraux du Général

o   Côté paternel (DUBOYS FRESNEY)

    A Nantes……………………………………………………………………………………  I

    A Rennes……………………………………………………………………………………  II

          o Côté maternel (GUITET)……………………………….     III     

 

° Parents par alliance (RONDELOU)…………………………………………  IV                  ° Descendants du Général............... ……………………………    V     

 

- Etat des services du Général………………………………………………………………… VI

 

- Liste des rapports faits au Sénat…………………………………………………… VII

 

- Sources et Bibliographie………………………………………………………………………… VIII