René d’Anjou et ses jardins

René d’Anjou (1409-1480) fut l’un des princes le plus titré d’Europe : comte de Guise de 1417 à 1425, duc d’Anjou et comte de Provence et de Forcalquier de 1434 à 1480, duc de Bar de 1430 à 1480, duc de Lorraine de 1431 à 1453, roi effectif de Naples de 1438 à 1442, roi titulaire de Sicile de 1434 à 1480  et roi nominal de Jérusalem.

Battu en Italie en 1442 par le roi d’Aragon, René d’Anjou abandonne Naples et retourne en France ; il est dégoûté de la guerre, qui l’a fait deux fois prisonnier en 1431 et 1437 et ne lui a apporté que des déceptions. Il consacre alors son temps à l'administration et au développement de ses différents duchés : l’Anjou, la Lorraine et la Provence .

Après la mort de sa femme Isabelle de Lorraine, il doit renoncer au duché de Lorraine. Il se remarie en 1454 avec Jeanne de Laval et s’établit à Saumur, puis à Aix ; il fait alors prospérer les villes d’Angers, Saumur, Aix-en-Provence, Avignon et Tarascon .

Il s'entoure de proches conseillers efficaces, tels que Fouquet d’Agoult, son chambellan, et Guillaume de Rémerville, son secrétaire.

Sur les bords de la Loire comme en Provence, il multiplie les jardins, les ménageries de bêtes sauvages et les résidences de plaisance ; il y fait aménager des lieux de promenades et des jardins fleuris où vivent des paons ainsi que des enclos pour biches et des ménageries où le peuple peut venir découvrir des lions et des léopards ;

Il se passionne pour la chasse et les tournois dont il fixe les règles dans un célèbre traité ; Il s'intéresse également à l'entretien des forêts et à la bonne santé des vignobles.

Il se voue aussi à la poésie et à la peinture ; il est auteur lui-même de plusieurs ouvrages ornés de miniatures, comme le « Mortifiement de vaine plaisance » et le « Cœur d’amour épris ».

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En Anjou :

Passionné de botanique et d’horticulture, il semble avoir introduit en Anjou la rose de Provins, l’abricotier, le micocoulier, le raisin de muscat, les anémones. Il y acclimate l’aubriétia, et l’œillet d’origine provençale. Il fait cultiver la vigne sur les « coteaux de la Maine » autour de ses différents manoirs situés à proximité d’Angers. Il enrichit de différentes plantes son château des Pons-de-Cé, son manoir de Chanzé à Angers ainsi que son pavillon de chasse du château de Baugé ; également le manoir de la Ménitré.

Il commande à des architectes italiens l’élégant manoir de Launay à Villebernier ; pendant l’été 1446, il y donne 40 jours de fête ; ce fut dit-on le plus grand tournoi du siècle !…

En son château d’Angers, en 1450, il innove en transformant les jardins médiévaux en jardins d’agrément ; ayant vécu en Italie, il avait été très marqué par les jardins de Florence ; il y importe des plantations d’essences méditerranéennes et une ménagerie d’animaux exotiques, des autruches.

Il  embellit son château des Ponts de Cé  « en  1454  d’un  grand  et  d’un  petit  jardin, celui-ci  voisin  de  l’entrée ; on  y  voyait  des  préaux, des  pavillons, des  volliers  ou  tonnelles, des  accoudoirs  et  bordures  de  bois, des arbres  fruitiers  et  des  plantes variées, spécialement  des  rosiers. Il  n’y  avait  d’abord  comme  clôtures  que  des  haies, suivant  l’usage  du  pays ; aussi  les  pourceaux  venaient-ils  prendre  des  ébats  funestes  à  la  culture. René  donna  l’ordre d’élever  des murs et, en  même  temps, de  lui  faire  un  petit  logis  à  cheminée, du  côté de  devers  le  pont, pour  drecer  et  tenir  viande  quand  il  vouldrait  manger  avec  une  petite  fenêtre  à  treillis qui  regardat  le  long  du  pont. » 

Les 4 jardins du château de Baugé : il les agrémente d’un « fruitier » , ainsi que de plusieurs oiseaux exotiques et du labyrinthe.

Avec sa seconde épouse, Jeanne de Laval, il s’installe au château de Saumur

En Provence

René d’Anjou possède plusieurs lieux de résidence en Provence : le château de Tarascon, la maison de ville d’Aix, proche de la place Vivaux, le jardin acheté en 1460 aux moines de l’Abbaye Saint-Victor à Marseille, sur le quai Sud de Marseille, la bastide de Saint-Jérôme, des relais de chasse …

Il engage en Provence de grands travaux comme ceux d’irrigation dans le Luberon et la plaine de la Durance ; il édifie le barrage de l’étang de la Bonde, l’un des premiers en France, et fait d’importants travaux sur le port de Marseille, mutilé par les Catalans.

Après l’Italie, de retour en Provence en 1449, il demeura un temps dans le château de Tarascon qu'il avait fait restaurer sous la surveillance de Jean de Serocourt, capitaine du lieu, et de son proche parent, Regnault de Serocourt, qui le secondait de par sa charge de lieutenant. Ce fut au pied de cette forteresse que ce roi organisa en juin, le célèbre tournoi du « Pas de la bergère ». René d’Anjou possède dans cette ville trois lieux dont les fonctions se complètent à savoir le château proprement dit – héritage de Louis II auquel René se contente d’apporter quelques aménagements dont les entrevous peints par Barthélémy d’Eyck –, le palais royal qui est le vrai lieu du pouvoir et de l’administration et enfin une maison de ville acquise en 1478, le tout en une unité de lieu très pratique pour le roi vieillissant.

 

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Château de Tarascon

Par ailleurs en Provence, René paraît s’être surtout intéressé à ses résidences de plaisance dont le jardin d’Aix créé en 1447 face au palais royal et doté d’un important logis, véritable « havre de fraîcheur, lieu de détente à l’abri des courtisans » ainsi que la bastide de Pérignanne, acquise après 1470 et dotée d’une grande galerie de bois et d’un jeu de paume, et celle de Gardanne, achetée en 1454 pour 4000 francs et qui s’apparente, après de grands travaux de réaménagement, à un grand domaine agricole.

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Le pavillon de chasse de Gardanne

 

Plus tard, en 1472, il s’installe avec sa seconde épouse, Jeanne de Laval, à Aix-en-Provence, où il décèdera en 1480.

                                                                                                                          Y.D.F.