Pour une élection présidentielle à trois tours !

 

            La Constitution de la 5ème République de 1958, dans sa révision constitutionnelle du 6 novembre 1962 adoptée à l’initiative du Général de Gaulle, suite au référendum du 28 octobre 1962, a inscrit à son article 7 l'élection du Président de la République au suffrage universel direct. Modifié à deux reprises, en 1976 par la loi constitutionnelle du 18 juin 1976 puis par la loi constitutionnelle du 28 mars 2003, cet article encadre le calendrier électoral, détermine les conditions pour qu'un candidat soit proclamé élu et organise les règles applicables en cas de vacance.

L'article 6 de la même Constitution, dans sa rédaction issue des révisions constitutionnelles de 2000 et de 2008, fixe à cinq ans la durée du mandat du Président de la République et interdit au président élu d'exercer plus de deux mandats consécutifs.

Le Président de la République est élu à la majorité absolue des suffrages exprimés. Si celle-ci n’est pas obtenue au premier tour du scrutin, il est procédé, le quatorzième jour suivant, à un second tour. Seuls peuvent s’y présenter les deux candidats qui, le cas échéant après retrait de candidats plus favorisés, se trouvent avoir recueilli le plus grand nombre de suffrages au premier tour

Sont électeurs les personnes de nationalité française, âgées de dix-huit ans accomplis, jouissant de leurs droits civils et politiques et n’étant dans aucun cas d’incapacité prévu par la loi

En l’état actuel :

         Il se dégage un sentiment général que, outre un malaise grandissant, les règles traditionnelles ne conviennent plus et même la démocratie se trouve plus ou moins fragilisée.

            L’idée d’une primaire à la candidature s’est donc généralisée ; les électeurs, au moins ceux membres d’un parti politique, n’acceptent plus que leur candidat soit désigné par l’appareil du parti ; par contre, ces primaires s’installent avec tâtonnements et difficultés : en 2012 seule la gauche l’applique pour une première fois, le Président sortant Nicolas Sarkosy paraissant dispensé de cette première épreuve ; désormais en 2017, elles ont lieu de toute part, à droite et au centre et puis à gauche ; un président sortant paraît désormais soumis à la primaire, mais en revanche certains candidats se dispensent de l’épreuve ; les règles sont fluctuantes ; elles sont demandées mais ne se mettent pas correctement en place …

            Nous constatons aussi les points suivants :

-          L’influence grandissante de la presse, avec une pression beaucoup plus importante, voire une certaine agressivité, au moins de la part de certains notamment lors de la survenance des « affaires »

-          Le nombre grandissant de sondages : 480, semble-t-il, pendant cette dernière campagne présidentielle ; il faudrait sans aucun doute réglementer et puis limiter…

-          La survenance d’un fait divers révélé, ou d’une action pénale engagée peuvent à eux seuls devenir déterminants pour les élections en cours et ainsi en perturber voire en modifier le résultat.

-          Une attaque terroriste également, sans doute en faveur des thèses populistes.

-          De plus en plus, certains essayent, à la limite de la démocratie, d’influencer le vote ; nous ne sommes plus à la bataille des affichages avec les affichages sauvages, les arrachages des affiches adverses, etc … Nous avons constaté un vote par la gauche aux primaires de la droite, en la défaveur de Nicolas Sarkozy, et puis des actions pénales à notre avis discutables du fait de la concomitance avec les élections à l’encontre de François Fillon et de Marine Le Pen, soutenues par leurs adversaires politiques et certainement par le président sortant, François Hollande ainsi que certains services centraux et/ou judiciaires…

-          Les partis extrémistes prennent de la voix et des voix ; le pouvoir en place est malmené et puis rejeté : Nicolas Sarkozy, ancien président, se voit imposer le passage à la primaire à droite, et puis ne franchit pas l’obstacle, Manuel Valls, premier ministre sortant ne passe pas la primaire à gauche, François Hollande, président sortant, malgré de multiples hésitations, se voit contraint de renoncer à solliciter un nouveau mandat

-          Les candidats favorables au retrait européen et au protectionnisme sont assez nombreux…

Compte tenu de tous ces éléments et du contexte général, nous avons imaginé des élections présidentielles à trois tours :

Un premier tour serait celui des primaires entre les candidats d’un même parti, celui des « petits candidats », celui de la libre expression, celui de l’individualisme politique.

            Une sélection serait toujours nécessaire, car ces élections ne peuvent pas être à l’usage d’autres choses qu’à elles-mêmes, être seulement un tremplin pour des expressions diverses et variées, pour des communautés particulières. Les candidats doivent avoir tous des chances réelles et sérieuses de l’emporter ; ils ne peuvent pas être seulement les candidats des partis politiques ; il n’est pas possible non plus de tomber dans l’individualisme et la marginalité, dans  le folklore et la fantaisie…

Le second tour serait celui du vote utile, celui des coalitions, des désistements et ralliements pour que l’un des « siens » puisse figurer au tour final ; nous avons assisté dernièrement dans notre système actuel à deux tours, à des refus de ralliements entre Hamon et Mélenchon d’une part et entre Dupont-Aignan et Fillon d’autre part ; un système à trois tours aurait peut-être permis ces ralliements, ce qui aurait peut-être changé le cours des élections … Organiser ces désistements dès le premier tour, c’est priver d’élection certains candidats et cela n’est pas acceptable pour eux, quitte à perdre ou faire perdre les élections.

Le troisième tour ou tour final serait celui du choix final entre les deux candidats les mieux placés, avec application donc du système majoritaire ; ce tour est nécessaire et non modifiable ; un retrait en faveur d’un troisième candidat est prévu dans les textes mais ne s’est jamais vérifié ; les deux candidats restants ont toujours été l’un de droite et l’autre de gauche, sauf en 2002 avec Jacques Chirac et Jean Marie Le Pen, Lionel Jospin étant arrivé seulement troisième au premier tour.

            Des élections à trois tours, mais quelle inconvenance, du jamais vu, quelle dépense et quel temps perdu ! Et justement, le système actuel avec plusieurs primaires nous fait voter pendant une longue période pour quatre fois, et même six fois pour qui voulait, cela à grands frais ; faisons donc les comptes et réfléchissons !

                                                                                                         YDF le 23 avril 2017