Jacques Duboys Fresney (1873-1956)

Jacques Duboys Fresney (1873-1956)

pendant la Grande Guerre

 

 

 

Né à Château-Gontier le 17 mai 1873 ; décédé à Château-Gontier le 17 juin 1956 ; maire d’Origné (Mayenne) de 1907 à 1945 ( ?) ; conseiller général de la Mayenne de 1907 à 1945 ( ?) puis député de la Mayenne du 26 avril 1914 au 7 décembre 1919 (groupe des Indépendants).

Marié à Saint-Servan sur Mer le 11 avril 1904 à Berthe Lemoine, la fille d’un armateur de Saint-Malo décédé ; lorsque la guerre éclata, il avait alors quatre enfants – un cinquième naitra le 28 août 1914 et deux autres naitront plus tard en 1921 et 1926 - et il siégeait depuis quelques semaines à la Chambre des députés. Il n’hésita pas à prendre volontairement l’uniforme – mobilisé le 8 août 1914 - et fit toute la campagne comme simple soldat d’abord  au train des équipages puis successivement comme attaché et adjoint à l’Intendance au 21ème corps sur le front de Champagne puis muté le 16 février 1918 au 12ème corps en Italie, suite à la défaite des italiens à Caporetto le 14 octobre 1917.

Il sut au cours de cette période concilier ses devoirs de député avec sa vie de soldat, en organisant un secrétariat social à Paris, avec permanence au chef-lieu de sa circonscription c'est-à-dire Château-Gontier. M. Guédon, de Château-Gontier, qui fut longtemps le secrétaire du député Jacques Duboys Fresney avant de travailler dans la presse locale, avait certainement été précieux.

 

Nous avons pu retrouver le récit de sa campagne au 12ème C.A. en Italie en 1918 :

 

« Au début de juin 1918, l’armée de l’Altipiano (VIème armée sous les ordres du général Montuori) avait en ligne sur les plateaux des Sette Communi, entre les coupures profondes de l’Astico et de la Brenta, de l’Ouest à l’Est, le 10ème C.A. Italien, le corps britannique, le 12ème C.A. Français, le 13ème C.A. italien.

Dans le corps français, connu sous le nom de F.F.I. (forces françaises en Italie) les deux divisions sont en ligne, accolées et organisées en profondeur jusqu’au rebord du plateau qui domine la plaine de Vicence. Dans chaque division la valeur d’un régiment est en première ligne, sous les ordres d’un chef de corps, en liaison à gauche (24ème D.I. la mienne) avec l’armée britannique, à droite (23ème D.I.) avec les italiens.

C’est dans cette situation qu’on attend l’attaque dont aucun préparatif n’a pu nous échapper.

Du côté ennemi : « 18 divisions avec 228 bataillons et 1 500 bouches à feu pesaient sur le front du plateau d’Asiago ; 3 autre divisions étaient signalées sur les arrières. » (relation du Commando Supremo Officiello)

Dès le 15 juin, cette force déclenche son mouvement en même temps que le front s’embrasa sur le Grappa et dans la plaine le long du Piave, du Montello à l’Adriatique.

L’aube a marqué le commencement de la bataille ; une préparation d’artillerie de quelques heures seulement mais d’une violence extrême devait précéder la sortie de l’infanterie. » (relation officielle du Commando Supremo)

A six heures quarante cinq, à travers tout le plateau d’Asiago, on vit le débouché des divisions autrichiennes précédées de leurs bataillons d’assaut.

Notre artillerie qui avait déjà fait subir de lourdes pertes à l’ennemi par une contre-préparation intense, frappe à coups redoublés sur les réserves massées tandis que nos feux de mousqueterie fauchent les vagues d’assaut.

Sur notre gauche le front est légèrement entamé : mais l’irruption a été décisivement arrêtée à 9 h sur la deuxième ligne britannique et des actions successives ont rendu aux anglais toutes leurs positions avec plus de mille prisonniers… » (relation officielle du Commando Supremo)

L’échec que les Austro-Hongrois ont subi dans le secteur central du plateau, tenu par les troupes françaises a été tout aussi grave. (relation officielle du C.S.)

Nulle part le front du 12ème C.A. français n’a été violé, la 24ème D.I., la mienne, à gauche tout en maintenant son front intact prête l’appui de son action de flanc au secteur Anglais voisin, et le 2ème bataillon du 108ème R.I. se distingue particulièrement.

La 23ème D.I. garde ses lignes avec le 78ème R.I. et contribue à rétablir la situation à Monte di Valbella où les combattants de la division italienne avaient été pris à revers.

Le sort du combat est dès lors fixé ; les nouvelles tentatives de l’ennemi ne sauveront même pas l’honneur.

L’ennemi a tenté de nouvelles attaques en force, mais il a été constamment repoussé et a fini par se replier sur ses positions de départ. Au cours de l’action, les Français ont capturé plus de 500 prisonniers, 7 canons de 37, deux bombardes, 16 mitrailleuses et 10 lances-flammes. Se sont particulièrement distingués le 78ème R.I., le 2ème bataillon du 108 R.I., la 12ème compagnie du 1er régiment du Génie, le 2ème groupe du 1er régiment d’artillerie de montagne, le 2ème groupe du 112ème R.A.Z.. » (relation officielle du C.S.)

Telle fut la bataille de l’Astico à la mer : « Qui non si passa ! » (Ici on ne passe pas)

L’ennemi renonçait à atteindre Vicence.

Rendons un pieux hommage à nos morts dans les cimetières de Conco et de Fontanella sur la montagne ; de Marostica et de Possagno, de Pederobba et de San Vito sur les rives du Piave et de tant d’autres champs de repos.

La 24ème D.I. sur l’Altipiano marcha en première ligne de la VIème Armée dans l’offensive qui suivit sur Trente.

Le 23ème D.I. sur le front de la XIIème Armée marcha sur Feltra après avoir passé le Piave.

L’Autriche-Hongrie voyait son armée en pleine déroute, ses 1 500 étaient immobilisés dans les montagnes. Le 3 novembre une demande d’armistice était faite et le 4 elle était signée.

La Division française était ramenée en arrière à Asolo.

Le 11 novembre la paix générale était signée à 11 heures et nous était signifiée. »

 

 

 

 

 

Armée Austro-Hongroise

18 divisions plus 3 à l’arrière – 228 bataillons – 1500 canons

 

 

 

 

ouest

 

10è C.A. italien

 

Corps britannique

108è R.I.

78è R.I.

 

13è C.A. italien

est

24è D.I.

23è D.I.

12è C.A. français

 

VIème Armée du Général Montuori

 

 

 

L’état de service de Jacques Duboys Fresney sera :

-          mobilisation au train des équipages le 8 août 1914

-          attaché à l’intendance le 2 février 1915

-          Station-Magasin Vernon le 15 février 1915

-          21ème C.A. au front le 8 mai 1916

-          Attaché 1ère classe 21è C.A. – Saint Rémy sur Suippe le 2 février 1916

-          Muté au 12ème C.A. en Italie le 16 février 1918

-          Chef de service à la 24ème D.I. en Italie – Campo-Rossignolo – Altiquanno- d’Asiago le 8 septembre 1918

-          démobilisation à Milan le 19 février 1919

 

Il avait reçu le 22 février 1918 la croix de guerre 14-18 avec citation, la croix de guerre italienne, la médaille Inter-alliés ; il sera aussi fait chevalier de la Légion d’Honneur le 16 juin 1920 promotion Fayolle

« Comme attaché à l’intendance à la direction du 21ème C.A., a pendant deux années fait preuve du plus bel entrain et du plus absolu dévouement. A accompli dans les zones avancées du front de nombreuses missions dont quelques unes périlleuses, notamment le 19 octobre 1916 dans la Somme et le 1er août et 15 octobre 1917 sur l’Aisne. Prenait part aux opérations du ravitaillement à la gare de Soissons le 17 octobre 1917, quant eu lieu le violent bombardement de cette gare et dans cette circonstance a donné l’exemple du calme, de la fermeté et du mépris du danger. »

 

Notes complémentaires :

Le beau-frère de Jacques Duboys Fresney, Jean de Messey né à Vitry le François le 25 octobre 1864 était pendant le conflit lieutenant colonel de cavalerie ; il reçut la Croix de Guerre 14-18 et a été fait officier de la Légion d’Honneur …

D’autre part, le jeune demi-frère de Jacques D F, Robert Duboys Fresney (1880-1962) fut enrôlé en 1914 comme sous-lieutenant à la 6ème compagnie de la Mayenne ; nous savons que quelques lettres furent échangées avec son frère Jacques sur la situation du front et des soldats dans les tranchées. Sous-lieutenant au 25ème territorial, il est promu au grade de lieutenant et maintenu dans la même compagnie (Ouest-Eclair du 6 avril 1915). Il sera affecté successivement au 102 régiment d’infanterie, au 4ème bataillon de chasseurs, au 40ème régiment d’infanterie à pied, au 46ème régiment d’infanterie ; il sera par la suite officier de réserve. Après les hostilités, il s’installa à Château-Gontier route de Ménil et vécut de ses rentes, célibataire.