L’hydravion « Santos Dumont » à Caudebec en Caux en 1934

13 février 1934,

Un hydravion aux essais à Caudebec en Caux,

Le Blériot 5190 dénommé « Santos Dumont »

 

 

Le Blériot 5190 a été expressément conçu pour répondre au concours des hydravions postaux transatlantiques ; le projet faisait suite à une requête formulée en 1928 par le gouvernement français ; il ne vit le jour qu’en 1934 ; l’avion pouvait atteindre une masse de 22 tonnes au décollage ; ce monoplan à structure métallique possédait une allure peu classique ; sa cabine ressemblait à celle d’un bateau ; elle était surplombée par la voilure sur laquelle étaient installés quatre moteurs, deux en tandem dans l’axe central de l’avion et deux autres fixés sur le bord d’attaque de l’aile épaisse.

Les caractéristiques de l'avion sont : envergure 43 m, longueur 26 m, hauteur 6,90 m, surface portante 236 m2, poids à vide 12 750 kg, charge utile 600 kg, vitesse de croisière 190 km/h, distance franchissable 3 200 km, plafond 5 100 m, moteurs Hispano Suiza 12 Nbr, 650 ch, 12 cyl en V, refroidi par eau, construction structure métallique et voilure entoilée, concepteur Filippo Zappata.

La charge utile de 600 kg était faible car le poids était absorbé par le carburant à raison de 8 500 kg et par la présence de huit hommes d’équipage.

Le tout premier vol eut lieu le 11 août 1933 ; les vols d’essais prirent 4 mois et demi, se révélèrent positifs et se terminèrent le 6 janvier 1934 ; l’avion effectua alors deux voyages de validation fin 1934 ; le premier vol transatlantique eut lieu le 27 novembre 1934 allant de Dakar à Natal avec Lucien Boussoutrot aux commandes ; début 1935, il devenait le seul hydravion transatlantique disponible, car le « la Croix du Sud » subissait des transformations ; il est alors pris en compte par Air France - avec pour marque d’immatriculation les lettres « F-ANLE » - et donc de février à avril 1935, effectua seul le service postal France Amérique du Sud, totalement aérien, à raison d’une traversée par semaine en allant de Toulouse à Buenos-Aires ; il resta en service jusqu’en juin 1937 date à laquelle il effectua sa 38ème et dernière traversée ; il sera ensuite relayé par le Farman 220 et par « La Croix du Sud ».

L’Etat français commanda trois hydravions 5190 à la Société Blériot Aéronautique qui dut faire de lourds emprunts pour pouvoir lancer la production en série ; mais le contrat fut résilié sans explication ni indemnité ; Blériot déjà touché par la crise économique et en proie à des problèmes financiers fut obligé de fermer ses ateliers ; Louis Blériot, vainqueur de la Manche mais également grande figure de l’aéronautisme, devait décèder le 1er août 1936 ; un an plus tard, son nom même disparaissait avec la nationalisation des industries aéronautiques.

 

Alors pourquoi donc le « Santos Dumont » à Caudebec ?

Une Société de construction aéronautique existait à Caudebec en bordure de Seine, fondée par Jean Latham en 1916 ; cette société Latham y construisait des hydravions pour la Marine Nationale ; souvenez-vous, en 1928, l’explorateur Roald Amundsen était à la recherche d’un hydravion pour aller au secours de l’expédition d’Umberto Nobile en perdition sur la banquise au nord de la Norvège ; il fait appel à la France qui propose un nouveau modèle construit à Caudebec le « Latham 47 » ; celui-ci part le 16 juin 1928 pour Bergen mais ne reviendra pas …La Société Latham, après reprises et regroupements deviendra en 1952 REVIMA et elle dépend aujourd’hui du groupe EADS…

La Société Blériot Aéronautique était située à Suresnes ; l’hydravion « Santos Dumont » y a donc été construit mais il fallait un endroit pour valider les tests de mise en service de l’avion ; ceux-ci eurent lieu donc sur la Seine à Caudebec dans les locaux de la société Latham et puis en eau de mer à Cherbourg.

Un témoin était présent à Caudebec au moment de ces essais ; Louis Piquet (1889-1964) prit ces quelques photos pour garder la mémoire de l’évènement ; la date exacte, 13 février 1934; les inscriptions faites par Air France sur le flanc de l'appareil "F-ANLE" n'existent pas encore; l’avion ne restera que quelques jours à Caudebec, il ira ensuite sur Cherbourg puis outre atlantique suivre sa destinée, celle de l’aéropostale.