La station balnéaire de Saint-Lunaire

 

Le village à l’origine

Une allée couverte dite de Plate-Roche, à La Saudrais datant de 3 500 à 4 000 ans avant J-C est le signe d’une présence très ancienne sur ce territoire.

La commune porte le nom de l’évêque gallois Lunaire, venu dans la région vers 535, rejoindre son frère Tugdual.

La paroisse a longtemps porté le nom de Pontual, une contraction du lieu-dit où Lunaire retrouva son frère, le pont de Tugdual.

Au XVIIème siècle, le lieu prend le nom Saint-Lunaire de Pontual, puis Port Lunaire pendant la Révolution, le nom étant désormais fixé à Saint Lunaire depuis août 1803.

L’église romane

Construite au XIème siècle sur les ruines d’un couvent, elle est située place du Pilori ; entre le chœur et la nef, le tombeau de Saint-Lunaire est situé sur un piédestal ; il est constitué d’une dalle et d’une statue du saint couché datant du XIVème siècle, et comprend un sarcophage gallo-romain beaucoup plus ancien ; les reliques du saint ont été préservées des invasions normandes mais pas des profanations révolutionnaires.

Autres tombeaux des sires du Pontual et de Pontbriand, bénitier du XVème ; vierge à l’enfant en bois du XVIIème.

Du chœur de l’église partirait un souterrain attribué à Lunaire qui menait jusqu’à la pointe du Décollé ; il se serait effondré après le dernier conflit mondial.

La croix du cimetière sur la place du Pilori est du XIVème siècle.

La fontaine miraculeuse de la rue de la Vieille Eglise, installée dans un puits, remonterait également au XIVème siècle .

La Pointe du Décollé

Haut-lieu pour la vénération de Saint-Lunaire, avec une croix en granit à l’extrémité de la Pointe de 1880 … et puis connu autrement pour son établissement nocturne dénommé « La Chaumière »

Autres lieux

La pointe du Nick ou Bellefard,

Les plages de la Fourberie, de Longchamp, du Centre ou Grande Plage,

L’estuaire et le vallon du Grévelin, la vallée de l’Amitié, le bois de Pontual

Les hameaux ou lieux-dits du Tertre-Barrière, le Tertre aux Scènes, le Tertre au Lot, les Hayes, la Guériplais, les Douets, la Ville Bily, la Ville Pinolle, la Ville Grignon, la Ville Even, les Hayes, les Vaults, la Mare, le Temple, le Pont Briand, la Fourberie.

Le manoir de Villerevault : consiste en les communs d’un ancien château édifié vers 1400 démoli depuis et non reconstruit ; la chapelle Sainte-Anne est de 1688 restaurée en 1850 dans un style 1er empire.

La création de la station balnéaire

Sylla Laraque est un franco-haïtien, spéculateur immobilier parisien, promoteur de la station balnéaire de Saint-Lunaire et ami de la francophonie ; personnalité attachante et passionnante, entrepreneur ambitieux, aventurier au destin hors-norme, grand séducteur, père prolifique, affairiste fortuné et créatif, acteur balzacien d’une époque de modernité universelle, personnage d’un roman de Dumas à la Belle Epoque d’une France en plein bouillonnement industriel et technologique.

Jean Volsant Sylla Laraque, cadet d’une famille de 11 enfants, naquit à Port au Prince le 24 juin 1850, d’une famille modeste ; adolescent, il quitte la maison familiale avec un cheval et un fusil donnés par son père ; bonne scolarité où il apprend la langue et la culture française ; après une expérience commerciale dans le café, il s’embarque en 1885 pour la France ; en 1888 il fait la connaissance de Saint-Lunaire, dont les initiales SL sont les mêmes que les siennes ; en 1889, il achète le Grand Hôtel alors en faillite pour le transformer et y ajouter une annexe, puis il  participe à l’aménagement de l’ensemble de la station avec la jetée, la construction du casino, de la Mairie et de la Poste, ainsi que de vingt et une villas pour lui et sa famille ; en 1906, ce sera la digue-promenade dite des Rochers, en 1907 le club de tennis avec 12 courts, l’usine à gaz puis électrique dans la rue de la Plage devenue par la suite une salle de cinéma et aussi une blanchisserie, une menuiserie …

Il aura sept femmes dont quatre épouses et vingt-cinq enfants ; avec Anne Marie Philomène Derenoncourt, ils auront onze enfants, avec Camille Saint-Jacques neuf enfants.

Naturalisé français en 1905, amateur de curiosités et d’innovations, ami de Louis Blériot dont il facilita la traversée de la Manche ; il alloue des bourses d’études à de jeunes haïtiens pour faire des études en France…

Sylla Laraque décède à Neuilly le 22 août 1924 à l’âge de 74 ans, inhumé au cimetière du Père Lachaise dans un mausolée construit dès 1894.

A la fin des années 1950, le Grand Hôtel est partagé et vendu par appartements.

Aujourd’hui, la digue-promenade de Saint-Lunaire porte son nom, une stèle y a été dressée en 1994.

Les Villas

Elles sont toutes de différents styles : balnéaire, néo-gothique, néo-breton, anglo-normand, etc …

Le Grand Hôtel construit en 1879 boulevard du général de Gaulle, architecte Sauffroy avec ses 140 chambres, sa salle à manger de 300 couverts, ses deux salons et sa salle des fêtes, sera le point de départ de nombreuses constructions :

L’ancien castel Sauffroy de 1883, boulevard du général de Gaulle, architecte Sauffroy ; il devient la mairie en 1964

La villa Sainte-Anne de 1885 au 326 boulevard du Décollé, architecte Sauffroy

La villa La Mésangère ou Ker Solange de 1897 au 187 boulevard du Décollé, architecte Paul Legendre

La villa de Cap-Horniers de 1905-1910 au 152 boulevard de la Plage

La villa Le Revenant de 1928 au 87 boulevard du Décollé, architecte Yves Hémar de Saint-Malo,

La villa Kilmalieu de 1930, boulevard des Rochers, architecte Yves Hémar

La villa Le Haumet de 1930 au 148 boulevard du Décollé, architecte Laloy

Autres villas : La Cotière, Haute Roche, etc …

La Poste de 1932 rue de la Grève architecte Aillerie avec les mosaïques de Isidore Odorico de Rennes.

                                                                                  Août 2017 – YDF -

Sources :

-          Les travaux du docteur Marc Bonnel sur Laraque

-          le journal « Le Pays Malouin » numéro 3686 du 27 juillet au 2 août 2017 page 27 avec le portrait de Laraque – puis pages 58 et 62

-          Le patrimoine des communes d’Ille et Vilaine aux éditions Flohic