Les Fours à chaux de Fécamp

 

 

Les Fours à chaux de Fécamp

 

 

D’après Leroux de Lincy – essai historique et littéraire sur l’abbaye de Fécamp - il y avait trois fours à chaux à Fécamp ; outre les fours Bredel dont nous allons parler, il y avait les fours Acher Omont Duboc situés route de Cany.

Des fours à chaux existaient dans la région à Saint Jean de Folleville, Saint Aubin Routot, Lillebonne, La Cerlangue, Epretot, Octeville sur Mer, Saint Valéry ; à Aumale et Barentin ; à Heurteauville

 

Les origines

 

Les fours Bredel en question sont situés à Fécamp quartier Saint Benoit, dans le prolongement de la rue des fourneaux ; l’endroit consistait en une parcelle de forme irrégulière d’une contenance d’environ 3 ha en nature de jardinage, côte, joncs marins et taillis avec une carrière de marne en exploitation édifié de deux fours à chaux et de deux bâtiments.

La carrière au début était dite à ciel ouvert (1876) mais il y eut aussi une carrière souterraine

 

Les différents propriétaires :

 

- Actes de Me Gaillandre notaire à Valmont du 6 octobre 1875 – acquisition Balière – et de Me Ancel notaire à Fécamp du 17 octobre 1876 – acquisition Cavelier -

- Théodore Eugène Ebran, propriétaire et négociant demeurant à Fécamp rue Queue de Renard numéro 39, décédé à Fécamp le 23 mai 1901

- loué en 1901 à M. Bredel chaufournier pour trois ans à compter du 29 mars 1901 moyennant 400 francs de loyer annuel payable par semestres les 29 mars et septembre de chaque année

- Adjudication de Me Ronceray notaire à Fécamp des 18 et 27 juillet 1901 : licitation en faveur de :

- Achille Emile Ebran fils né à Fécamp le 26 mai 1864 et Maria Anna Morel son épouse demeurant à Trouville 13 rue Bon Secours

- Acte de Me Nicolai notaire à Fécamp du 23 novembre 1921 : acquisition au prix de 4 000 francs par le locataire :

- Marcel Michel Bredel né à Gonneville la Malet le 29 septembre 1892 appelé chaufournier puis fabricant de chaux et habitant rue des fourneaux ; son père Paul Bredel avait été cultivateur à Ecrainville et tenait déjà un four à chaux dans la vallée de la misère ; Marcel B. décède à Fécamp le 20 mars 1949

- Après lui son fils Paul Bredel, chaufournier de xx à 1984.

 

L’extraction

Elle se faisait à ciel ouvert ; la falaise faisait 50 mètres de hauteur ; la marne était soit tendre –  la marnette - soit dure – la marne de propriétaire – entre les différents fronts de taille, des paliers suffisamment larges étaient exigés dans la falaise pour la sécurité des tailleurs

Parfois on provoquait des explosions à la poudre placée dans des trous à intervalles réguliers ; après la guerre l’on se servait des restes d’explosifs militaires

La carrière souterraine elle est plus ancienne

 

Le matériel

Il y avait des rails et des wagonnets pour le transport du lieu d’extraction, de la falaise au four, un concasseur et puis un crible tournant ayant un moteur électrique courant force de un quart de cheval

 

Les fours

Ils auraient plus de 300 ans et auraient servi au départ de briqueterie ; construits en briques réfractaires accessibles par le haut et par le bas fermé ici par des barres métalliques.

Le feu était allumé à la base avec des joncs marins ou des fagots de bois ; au départ, à l’allumage, il y avait une forte production de gaz carbonique ; le foyer était rempli par un lit de coq alterné avec un lit de marne, une couche noire et une couche blanche ; on utilisait aussi de la poussière de coq provenant des boites à fumée des locomotives ; l’alimentation se faisait par le haut appelé « gueulard », la combustion était lente et assez irrégulière ; un couvercle permettait de couper le tirage qui par contre pouvait aussi être activé par des grands tisonniers ; la température devait être maintenue entre 800 et 1 000 degrés le retrait de la chaux, « défournage », avait lieu par le bas du foyer ou « ébraisoir » et par les « ouvreaux » ; le travail se faisait au tisonnier, à la pelle et à la brouette ; une partie de la chaux était non cuite (incuit)

 La conversion de la marne en chaux s’appelle « calcination » ;

 

Les autres bâtiments

Il y avait un bâtiment pour tamiser et éteindre la chaux

Et puis un autre pour stocker la chaux, d’une capacité de 40 tonnes

Et aussi un bassin recueillant les eaux pluviales provenant du chemin d’accès qui servait de rampe d’accès au four

 

La chaux

La chaux vive additionnée à de l’eau donne la chaux éteinte ; il fallait une journée pour éteindre la chaux ; celle-ci était passée au crible puis mise en sacs de 50 kg – pas trop tôt car les sacs pouvaient brûler ou fondre…

 

L’usage pour l’agriculture

La chaux était nécessaire pour lutter contre l’acidité des terres ; elle était répandue dans les terres à betteraves ou à trèfles et dans les herbages ; elle « réveille » l’azote et les engrais qui « dorment » ; par contre trop de chaux donnait trop d’azote et cela pouvait être un danger pour les animaux ; les marchands de bestiaux en achetaient régulièrement ; l’achat se faisait plutôt l’hiver car l’épandage avait lieu plutôt en cette période où les champs étaient à découvert ; la chaux avait un effet immédiat, la marne agissait sous un à trois ans

En réalité trois produits étaient mis en vente : la marne, la marne broyée et puis la chaux.

 

L’usage pour le bâtiment, les joints – à l’anglaise – les enduits

 

Pendant la dernière guerre mondiale

 

L’arrêt des activités, les raisons

L’entreprise aurait employé jusqu’à 10 personnes

L’activité cessa en 1984

Aujourd’hui la chaux provient soit de la Meuse, soit de Ecouché dans l’Orne.

 

 

                                                                                              Yves Duboys Fresney

 

 

PS remerciements à M. Paul Bredel pour la visite des lieux et pour ses explications