Le démantèlement des forteresses de France

sous Louis XIII et Richelieu

 

C’est souvent à partir de la déclaration de Nantes du 31 juillet 1926 que l’on fixe la politique de démantèlement par Richelieu des forteresses de France.

Et pourtant cette pratique existait depuis fort longtemps ; au cours de tout le Moyen Age, et sans doute même avant, la victoire sur un féodal emportait souvent la privation des biens de ce dernier et la destruction de son château.

Dès 1614, bien avant l'arrivée de Richelieu au pouvoir, les États généraux, réunis après la proclamation de la majorité du jeune roi, recommandaient que tous les châteaux et forteresses appartenant au roi soient rasés ou démolis. « Louis XIII et surtout les États généraux étaient en recherche d'économie. L'entretien des pierres et des garnisons coûtait très chers au trésor », poursuivent-ils. Le Cardinal ne désapprouvera pas, bien au contraire, cette politique qui visait aussi à réduire à l'obéissance tous les sujets du royaume.

La déclaration de Nantes du 31 juillet 1626 ne fera donc que généraliser les pratiques antérieures, du moins les forteresses non placées sur les frontières, sachant que cette notion de frontière restera très vague et aléatoire, au bon vouloir du souverain.

Quelques places fortes sont tout de même conservées car réputées stratégiques comme celles de Péronne ou Calais …

Les raisons d’un démantèlement ainsi presque systématique, sont finalement assez nombreuses :

-          Premier argument avancé : lutter contre la désobéissance des nobles, prendre des mesures exemplaires pour dissuader les intrigues et les rébellions, voire les conspirations !

-          Et puis lutter contre les protestants, les cathares … ; à l’édit de grâce d'Alès du 28 juin 1629, Richelieu donne aux protestants la liberté de culte, mais en ordonnant la destruction de toutes les places fortes ; le souhait est d’éviter un nouvel épisode de La Rochelle et d’empêcher les protestants de à nouveau se protéger,

-          Enfin, lutter contre les duels ; en février 1626 un édit royal renouvelle l’interdiction des duels ; Richelieu, profondément affecté par la mort, le 8 juillet 1619, de son frère Henri au cours d'un duel, réprime avec la plus grande sévérité cette pratique et fait mettre à mort les nobles pris en flagrant délit de se battre ; le 22 juin 1627 sont exécutés François de Montmorency-Bouteville et son cousin François de Rosmadec, comte de Chapelles, meurtriers en duel du marquis de Bussy d'Amboise.

-          Compte tenu d’une volonté à peine dissimulée de conquête vers l’est sur la Lorraine et le Jura, prévoir et prédire la destruction des forteresses conquises, 

-          Dans les places royales, réduire l’entretien, faire des économies, limiter les garnisons…

-          Répondre au souhait des Etats de province, celui-ci de Bretagne et bien d’autres…

-          En résumé, « Pour le bien et le repos de nos sujets et la sûreté de l’Etat » dira Louis XIII

-          « L’inutilité à la défense du Royaume » dira Richelieu …

 

Richelieu est toujours cité seul dans ces destructions ; l’Histoire le classe comme seul auteur et seul responsable, car c’est lui qui décidait les destructions et qui en surveillait l’exécution … tout cela tout de même avec l’assentiment du Roi, ce dernier n’ayant pris part personnellement aux décisions que dans quelques cas. Nous pensons malgré tout associer totalement Louis XIII à cette politique dont le Cardinal ne sera en fait que la main exécutante. L’on parle souvent pour Nantes d’une déclaration de Richelieu, mais ne s’agissait-il pas en fait d’une déclaration royale prise en la présence du Souverain !

 

La déclaration de Nantes du 31 juillet 1926 :

Et donc le Roi Louis XIII arrive à Nantes le 3 juillet 1626 ; il s’en suivit tout d’abord de l’arrestation puis l’exécution du marquis de Chalais, décapité le 19 août suivant sur la place du Bouffay.

La destruction du château d’Ancenis est enfin prononcée : quinze ans après les faits, cette décision sanctionne les intrigues sans cesse recommencées du duc de Vendôme. Les États de Bretagne avaient depuis longtemps demandé au roi la démolition des places fortes en Bretagne appartenant à la duchesse de Vendôme : Guingamp, Lamballe et Moncontour, dans le duché de Penthièvre, ainsi que le château d’Ancenis sur la Loire. Ainsi, le roi la leur accorde. La duchesse de Vendôme avait hérité de ces places à la mort de sa mère, la duchesse de Mercœur, en 1623. Ce n’était pas la première fois que les États réclamaient la démolition des places fortes aux mains du duc de Vendôme et de ses partisans. En 1614, ils avaient demandé la démolition de 12 places fortes, dont celles de Lamballe et de Moncontour, et le désarmement du château d’Ancenis, ainsi que la suppression des octrois, qui avaient servi à fortifier la ville. En 1616, ils réclamaient encore vainement la démolition du château d’Ancenis.

Cette fois donc, les États de Bretagne obtiennent gain de cause. Et cette mesure à l’origine de circonstance devenait une mesure de portée générale, avec la Déclaration Royale du 31 juillet 1626, ordonnant que soient abattues les fortifications des places « non situées en lieu de conséquence, soit pour frontière ou autre considération importante, […] selon qu’il sera jugé nécessaire pour le bien & repos de nos subjets, & de le sureté de cet Estat ».

Il a été montré que cette politique visait d’abord la recherche d’économies par la suppression des garnisons inutiles, et ensuite seulement le maintien de l’ordre. Dans ses mémoires, Richelieu défend sa politique en soutenant qu'il y avait nécessité absolue à mettre au pas tous ces « grands qui, abusant des biens que le Roi leur a faits et de la puissance qu'ils tiennent de Sa Majesté, ne s'en sont servis que pour se rendre criminels. » Aussi, face à la noblesse turbulente et ses prises d'armes régulières, Richelieu répond par la fermeté : il supprime les hautes charges que les grands seigneurs exercent auprès du roi et fait raser de très nombreux châteaux forts qui ne sont plus utiles à la défense du royaume .

Le château d’Ancenis est ainsi condamné pour avoir servi de point d’appui aux entreprises frondeuses du duc de Vendôme. Les travaux de démolition commencent en novembre 1626. Ils se poursuivent au moins jusqu’à la mi-mars 1627. L’événement a un retentissement certain. Jean Louvet mentionne dans son Journal l’ordonnance royale et relate qu’en exécution de cette déclaration, « on a commencé à abattre et desmollir le chasteau de la ville d’Ancenys au mois de novembre ensuivant 1626 ». On en trouve aussi l’écho dans le Journal de Jacques Valuche, bourgeois de Candé : « En ce mois de décembre, le chasteau d’Ancenis a esté ruiné et abattu par le commandement du roy. Monsieur de Villeserin en avoit la charge qui y faisoit aller les paroisse par forsce. » Et cette note quelques mois plus tard : « Les forteresse du chasteau d’Ancenis achevé de razer. »

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Fortifications d’Ancenis – ce qu’il en reste -

Alors pratiquement jusqu’à la mort de Richelieu survenue en 1642, les ordres de destructions se succèderont, certaines places y échapperont mais l’on dénombre aujourd’hui environ DEUX MILLE SITES touchés par cette politique qui constituera sans doute une nécessité d’Etat mais aussi par ailleurs un désastre pour notre patrimoine historique… 

Liste non exhaustive des ouvrages démolis – par départements -  :

AU CENTRE DE LA FRANCE

-                     Le château de Beauté sur Marne près de Vincennes est rasé en 1626, sur ordre de Richelieu, probablement en application d'un arrêté commandité par Louis XIII ;

-                     Dans l’Oise, le château de Pierrefonds est assiégé en 1616 et pris en 1617 par les troupes du gouverneur de Compiègne, le comte d'Auvergne, envoyées par Richelieu, secrétaire d'État à la Guerre, à la suite de bombardements qui ont créé une faille en un point faible de la forteresse, près de la porte, permettent ainsi aux troupes royalistes d'entrer dans le château. Le conseil du roi Louis XIII décide alors de démolir le château, en mai 1617. Son démantèlement est entrepris par le comte d'Angoulême. On fait sauter les grosses tours par la mine, les logements sont détruits, les planchers et charpentes sont brûlés. Les ouvrages extérieurs sont rasés, les toitures détruites et des saignées sont pratiquées par la sape dans les tours et les courtines nord ; ici encore, Richelieu, alors Secrétaire d’état à la Guerre, ordonne en 1635 que le château de Versigny soit brûlé ;

-                     Dans la Marne, le château de Nogent est détruit en 1626, le château de Courcy  ;  Neuville-sous-Sainte-Gemme possédait un château construit durant le règne de Louis XII ; ce château fut détruit lors d'une campagne d'affaiblissement des seigneurs locaux organisée par Richelieu ;

-                     En Indre et Loire, le château de Champigny sur Veude, attenant à une Sainte Chapelle, et dont il ne reste que les communs, fut acquis et détruit par Richelieu en 1635, qui avait pris ombrage du fait de la proximité du château de Richelieu et de la ville nouvelle de Richelieu ; la raison ici était purement personnelle ; la Sainte Chapelle ne fut sauvée que par l'intervention de l'évêque de Poitiers et du pape Urbain VIII qui y avait officié ;

A L’OUEST

-                     En Charente, la prise de La Rochelle en 1627, « la métropole de l’hérésie … la capitale … ou le bastion des insurgés », constitue une victoire pour Richelieu ; la ville de Royan est en grande partie détruite seulement en 1631, sur ordre de Richelieu, conseillé en cela par l'intendant de Saintonge La Thuillerie, qui ordonne le « razement et démolition entière des fortifications, tours et murailles, châteaux et maisons qui sont dans l’enceinte de la ville de Royan » ; la citadelle est totalement démantelée, les fossés sont comblés, la digue du port, qui le protégeait des assauts océaniques, est démantelée, le rendant impraticable ; lors du siège de La Rochelle, Louis XIII séjourne à Marans : Richelieu y fait raser le château en 1638 par crainte d'une nouvelle occupation par les troupes réformées ;

-                     En Vendée, le château d’Olonne a été détruit afin d'éviter une potentielle invasion des Anglais ; en 1626, Richelieu fait raser le château de Mallièvre car ayant été occupé par les protestants, comme il a fait raser beaucoup d'autres forteresses en France pour empêcher les Protestants de se protéger ; le château de Talmont est détruit en 1628 ; 

-                     En Loire Atlantique, à Ancenis , à partir du XVIIe siècle, le rôle du château diminue fortement, jusqu'en 1626 où, sur ordre de Richelieu, il est démantelé – voir plus haut - ; le château de Saint Mars la Jaille, à l'abandon, avait été démantelé en 1618 ; le démantèlement du château de Blain à Henri II de Rohan avec le donjon des Armes et le logis de la Reine ;

-                     En Morbihan, en 1629, Richelieu fait prescrire la démolition complète du château de Rieux, et dix-sept paroisses sont convoquées pour le renverser. Mais la construction en est si solide, que tous ces efforts n'aboutissent qu'à renverser les tours et quelques pans de murs dans les douves. Le donjon, ébranlé par la mine, perd son aplomb, mais ne tombe pas et c'est un tremblement de terre qui fait écrouler le donjon en 1799. Délaissé, il n'est plus qu'un tas de ruines aujourd'hui. Les vestiges du château sont convertis au XIXe siècle en un jardin anglais.

-                     En Côte d’Armor, le château de Tonquédec ;

-                     En Mayenne, en 1628, Richelieu, revenant de La Rochelle pour Paris, de passage à Château-Gontier, y ordonne la destruction des ruines du château ;

-                     Dans le Maine, sur ordre du roi Louis XIII le château et une partie des murailles de la ville du Mans sont abattus ;

-                     En Normandie, le château de Vire et son enceinte sont démantelés ; le Château-Gaillard , dans l’Eure, subit la destruction, interrompue en 1611 puis reprise sous l'égide de Richelieu ; le cardinal ordonne l'arasement du donjon et de l'enceinte de la haute-cour ;

 

AU NORD

-                     Dans le Nord, le Cateau-Cambrésis a également gardé une partie de ses remparts, détruits en 1642 sur l'ordre de Richelieu ;

-                     En Pas de Calais, le château de Renty a été restauré en 1630 puis rasé huit ans plus tard en 1638, lors de la guerre de Trente Ans, sous Louis XIII par le maréchal de Châtillon sur l'ordre de Richelieu qui voyait d'un mauvais œil l'influence grandissante de certains hauts seigneurs et craignait le début d'une fronde. Le siège de Renty par les Français a eu lieu le 31 juillet 1638 entre le 1er et le 9 août 1638. Le maréchal de Châtillon loge à Fauquembergues et le maréchal de la Force à Fasque. Une tranchée est ouverte dans la nuit du 2 au 3. La reddition a lieu le 9 août. La forteresse est détruite.

-                     Dans la Somme, le château de Méricourt : une construction médiévale subsiste jusqu'au XVIIe siècle où Richelieu ordonne le démantèlement des forteresses inutiles ; ici encore, le roi indemnisa son propriétaire Charles de Belleforière-Soyécourt  pour la destruction de son château de Tilloloy pendant le siège de Corbie ; le château sera reconstruit en 1645 ;

-                      

A L’EST :

-                     En Lorraine en 1636, afin de réduire les places de résistance des impériaux avec les troupes du duc de Lorraine, Richelieu fait raser toutes les forteresses …

-                     Dans les Vosges, le château de Beauregard dominant Raon, aussi les fortifications de Neufchateau ; le château de Hadigny les Verrières fut détruit en 1635, le château d’Arches ; en 1636, le cardinal de Richelieu ordonna la destruction des fortifications du château de Beaufremont : le motif invoqué était de pacifier la région …

-                     Lors de la guerre de Dix Ans (1634-1644), Montholier dont le château avait été détruit en 1480 sous Louis XI, est, comme la grande majorité des villages du Bas Jura, ravagé et détruit par les troupes françaises de Louis XIII et Richelieu ; Louis XIII rêve de rattacher la Comté au royaume de France ; l'imposant château médiéval de Rahon avec son donjon et ses quatre tours ont été détruits ;

-                     En Moselle, Les grandes demeures féodales disparaissent avec la politique d’expansion territoriale vers l’est de Louis XIII et Louis XIV qui appliquent une politique de démantèlement et de destruction des édifices. La guerre de Trente Ans ruine une partie de la noblesse dont les possessions, vendues ou confisquées, sont attribuées à de nouveaux venus ou de récents anoblis . Le château du Schossberg, le château de Turquestein ou celui de Faulquemont avec ses remparts sont rasés en 1634 sur ordre de Richelieu, les deux châteaux d’Audun-le-Tiche en 1675, de même pour Lixheim, Sarralbe, Sarrebourg et Sarreguemines. Après la guerre de Trente Ans, disparaissent dans l’indifférence générale : le château du Falkenstein, ruiné par les troupes de Mansfeld en 1623 , celui de Thicourt, incendié en 1635, le château des évêques d’Albestroff, le château de Créhange et celui de Fontoy détruit en 1643… le château de Hombourg près de Forbach est démantelé en 1634 ; le château de Viviers est détruit en 1642 ; les châteaux de Forbach et de Sarreguemines sont aussi détruits ; Le château de Frauenberg est pris par les Suédois en 1633 et démantelé ;

-                     En Meurthe et Moselle, Louis XIII fit raser les remparts, les portes fortifiées et le château de Gerbéviller ; Richelieu avait demandé l'arasement des églises des congrégations des Carmes, des Bénédictins et de Notre-Dame qui ne furent sauvées que de justesse. Les murailles détruites en 1681 furent rétablies entre 1704 et 1707 ; destruction du château de Mandres aux quatre Tours ; le castel de Mousson, symbole de l'esprit d'indépendance et de la résistance des Lorrains face au pouvoir royal français, le château de Mousson était une entrave aux desseins centralisateurs de Louis XIII et de Richelieu. En 1633, à l'instar de nombreux châteaux de la région et des fortifications de Nancy, le castel de Mousson fut démoli par le pic et la mine. Il fut détruit par les habitants de la région qui agirent sous la contrainte des troupes françaises ; le château de Frouard, situé sur un promontoire, il ne reste de cet édifice qu’une enceinte polygonale flanquée de tours carrées, noyée dans la forêt qui surplombe la vallée. Fréquemment engagé, il ne semble pas avoir subi de siège avant d’avoir été entièrement détruit au cours de la guerre de Trente Ans en 1633 sous le règne de Louis XIII, puis fut démantelé par Richelieu vers 1635 ; En 1639, Richelieu fait mettre le siège devant le château de Moyen ; c'est François du Hallier, gouverneur de Nancy, qui se charge de la besogne en compagnie, dit-on, de 4000 hommes. Antoine Thouvenin et une centaine d'hommes tiennent alors le château. Ils répondent par des sorties audacieuses aux salves d'artillerie. Finalement, le 15 septembre une capitulation est signée. Richelieu fait, par la suite, démanteler le château ; le château-fort de Blamont subit un siège en 1636 et 1638 pendant la guerre de trente ans ; comme beaucoup d'autres, il est démantelé ; le château de Briey, réparé et aménagé aux XVe, XVIe, XVIIe siècles, est détruit en 1635 ; concernant le château de Fontenoy-le-Château à Vaudémont, la tour est réparée au XVe siècle mais démantelée en 1639 sur ordre de Richelieu ; le château Qui Qu’en Grogne de Moyen, le château de Preny, le château de Pont à Mousson en 1635 ; le château médiéval de Frouard ; la ville fortifiée de Deneuvre est démantelée en 1636 lors de la guerre de Trente Ans ; aussi le château de Vandémont et le Haut-Château de Essey les Nancy ;  

-                     Dans la Meuse, l’enceinte urbaine de Etain, construite au Moyen Âge, renforcée en 1629 est détruite en 1635 ; elle comportait 13 ou 14 tours dont le moulin à vent ;

-                     Dans l’Yonne, le château de Vauguillain sur la commune de Saint Julien du Sault en 1630 en exécution de l'ordonnance royale du cardinal de Richelieu de 1626, le château est abandonné, mais la chapelle, dédiée à Saint Julien, est sauvée ;

 

AU SUD-EST :

-                     Dans le Rhône, château de Pierre Aigue à Beaujeu ;

-                     Dans la Drôme, destruction de plusieurs forteresses, le château de Crest ne conserva que sa tour ; la tour de Crest est le plus haut donjon médiéval de France mais aussi d'Europe. Sa hauteur est de 52 mètres et il domine la ville. Cette tour est la gardienne d'une des portes des Préalpes drômoises ; le vieux village de Sahune, d'abord détruit en 1654 -1554 ?- par Montbrun durant les guerres de religion puis sur ordre de Richelieu au XVIIe siècle par le comte de Montoison, finit par être démantelé après la Révolution par les villageois pour récupérer les pierres de taille ; le cardinal Richelieu et le roi Louis XIII ordonnent la démolition de toutes les murailles de Livron sur Drome en 1623 et celle du château en 1633 ;

-                     Dans le Gard, en 1616, le château d’Aimargues est démantelé ; en 1629, après plusieurs sièges, sur ordre du cardinal de Richelieu, les remparts sont à leur tour détruits ; de même les murailles de Moussac ;

-                     En Isère, le château de Clermont en 1626, le château de Montgascon en 1632 ; à Vienne , en application de l'ordonnance de Richelieu, on avait commencé la destruction des citadelles de La Bâtie et de Pipet ; le château de Tolvon , surplombant la vallée de l'Isère, est détruit ; le château de Quirieu  est totalement démantelée en 1626, il ne reste plus aujourd’hui qu’une vaste esplanade ; le château de Chirens, démantelé en 1626 par ordre royal inspiré par Richelieu, comme les autres châteaux qui ne servaient plus à défendre la France ; seul le donjon subsiste …

-                     En Ardèche, le château de la Gorce est détruit en 1629 sur ordre du Roi ; le château de Le Teil le Pigeonnier ;

-                     En Hautes Alpes, le château de Serres est détruit en 1633 sur ordre de Richelieu ; le fort de Puymaure, []construit par les Huguenots pour surveiller la catholique Gap et détruit sur ordre de Richelieu en 1633 ;

-                     En Savoie, en 1630, le château de Détrier subit un nouveau siège par les armées de Louis XIII, et il est finalement détruit et rasé ; Le château de l'Huile à Bourget-en-Huile, château-fort qui contrôlait la route du col du Grand Cucheron qui en 1630, subira un siège par les armées de Louis XIII, et sera finalement détruit et arasé par ordre de Richelieu ;

-                     Dans le Languedoc, en 1622 Louis XIII après le siège de Montpellier fait démanteler les fortifications de Montpellier, Nimes et Uzès ; et Richelieu la citadelle d’Olargues ;

-                     Dans l’Hérault, le château des ducs de Montmorency à Pézenas, est détruit après la révolte du dernier d’entre eux ; le château de Montferrier sur Lezt a été rasé en 1627 ; le château, ou plutôt la citadelle de Cessenon sur Orb, a été définitivement détruit en 1633, sous l'ordonnance, datant du 6 octobre, de Louis XIII et de Richelieu ; le château de Montarnaud assiégé et en partie détruit pendant les guerres de religion, puis démantelé par Richelieu ;

-                     En Lozère, vers 1632, le roi Louis XIII ordonne que l'on démantèle les châteaux de Luc ; et aussi ceux de Grèzes et Châteauneuf-de-Randon ;

-                     Dans la Loire, en 1633, Richelieu donna l'ordre de démanteler la forteresse à Saint Romain le Puy ; et aussi le château de Cervières ;

-                     Dans la Nièvre, à Sémelay, la motte féodale où s'éleva un donjon de 30 m sur 20 m qui fut détruit sur ordre de Richelieu ;

-                     Dans l’Allier, ce n’est qu’en 1638 que le château de Chantelle fut en grande partie démoli ;

 

AU SUD-OUEST

-                     En Ariège : destruction de Pamiers et Mazères ;

-                     En Haute Garonne, à Miramont , le poste de douane sur le rocher du Castéras surplombant la Garonne, devint un château gallo-romain puis féodal avant d'être détruit sur ordre royal en 1627 ;

-                     Dans les Landes, à Mont de Marsan, Richelieu, prétextant des troubles, fait raser en 1622 une partie du Château Vieux et le château Nolibos ;

-                     En 1622, Richelieu fit raser les grandes places fortes d'Auvergne et démantela un certain nombre de petits châteaux ; une ordonnance royale du 8 novembre 1633 dictant à nouveau la destruction des châteaux en Auvergne ;

-                     En Puy de Dôme, le Château de Montaigut est détruit en 1633 ; les murs d'enceinte du château de La Bâtisse, ainsi qu'une tour furent rasés. Les mâchicoulis et les créneaux des trois tours restantes furent également détruits ; le château de Mauzun se trouvait sur un réduit qui occupe le point culminant d'une butte basaltique ; détruit en 1634 sur ordre de Richelieu et par les soins du commissaire Voyer d'Argenson ; dans le bourg de Ardes, quelques vestiges d'un château, détruit en 1633 ; le château du Marchidial à Champeix, seconde résidence au XIIe siècle des dauphins d'Auvergne, dont le donjon a été détruit en 1633 ;

-                     Dans le Cantal, le château des vicomtes de Murat est détruit sur ordre de Richelieu ; cet édifice comprenait 3 enceintes ; le château de Salers à Calvinet détruit en 1634 ;

-                     En Corrèze, à Uzerche, on commença à abattre les imposantes murailles ;

-                     Dans le Tarn, la ville de Lombers fut brûlée en 1622 par les protestants et les fortifications disparurent ; puis sur ordre de Richelieu, le château fut détruit ainsi que les restes des remparts ;

-                     Dans le Lot, Richelieu fait araser le château de Cieurac d'un étage ;

-                     En Tarn-et-Garonne, en 1629, après La Rochelle, Montauban doit se soumettre ; dernière citadelle et place de sûreté calviniste, Montauban engage des tractations avec Richelieu dès la prise de La Rochelle et se rend sans résistance le 20 août 1629 à l'armée royale, Richelieu entre dans la ville avec son monarque et son ministre accueillis par les habitants aux cris de « Vive le roi, vive le cardinal » et rétablit le culte catholique à l'église Saint-Jacques. Les remparts sont détruits par l'autorité royale ;

-                     Dans l’Aveyron, le château de Nant fut ruiné sur ordre du cardinal de Richelieu en 1629 ; Les remparts de la ville de Saint-Affrique ont été détruits de 1632 à 1655 ; l'ancien château de Saint Geniez d’Olt, détruit en 1620 ; le château d’Ayssènes disparu que Richelieu fit détruire ; à Saint-Maurice-de-Sorgues, le château de Montpaon ;

-                     En Dordogne, le château de Sauvebœuf à Aubas est détruit en 1633 sur l'ordre de Richelieu, pour punir son propriétaire de s'être battu en duel ; il sera reconstruit sous Louis XIII ;

-                     Dans l’Indre, le château féodal d’Argenton sur Creuse, flanqué de dix tours, qui fut détruit sur ordre de Richelieu, construit sur un promontoire dominant la ville, le château était devenu une menace permanente pour le pouvoir royal ;

-                     Dans la Creuse, le château de Crocq est rasé en 1630 alors que les fortifications sont tombées en ruines ; le château de Crozant ;

-                     Dans la Vienne, le château de Mirebeau construit pour Foulques Nerra au XIe siècle et détruit en 1621 ; aussi le château de Loudun ;

 

Rappelons tout de même pour sa mémoire que si Richelieu a énormément démoli comme on vient de le décrire largement, celui-ci a aussi construit ou reconstruit de nouveaux lieux de défense, des ports, des manufactures, etc …

 

Pour conclure, il faut reconnaître que pendant ces périodes et depuis la Renaissance, les méthodes militaires changèrent ; la guerre ne se faisait plus de façon statique au pied des remparts ennemis, mais devenait plus mobile par des mouvements de troupes et des encerclements successifs de villages ou de territoires ; et puis quelques années après, Vauban (1633-1707) renouvelait les places fortes, mais différentes de celles d’autrefois, compte tenu des progrès de l’artillerie…

 

Alors, des paysages de ruines castrales, chers aux romantiques et aux graveurs anglais, voilà ce que nous réserve cette période de renforcement de l’Etat français voulu par Richelieu en 1626 : des pans de murs au milieu de la nature, un travail humain parfois chèrement construit et puis volontairement détruit, désormais souvent envahi par la végétation naturelle ; tout un symbole.

La lecture de ces paysages peut faciliter et suggérer de multiples évocations d’ordre historique ou bien géopolitique ou encore philosophique …

 

                                                                                                          Yves Duboys Fresney

                                                                                                          Août 2017

Voir :

-                     Avezou Laurent : « Richelieu destructeur des fortifications, historiographie d’un mythe national »

-                     De nombreux relevés dans Wikipédia

 

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