L’occupation ancienne de Senneville, près de Fécamp.


            La présence humaine existe à Senneville depuis bien plus de mille ans; le nom de Senneville aussi; les références écrites en fait n’apparaissent qu’au début de notre deuxième millénaire; les périodes antérieures ne produisaient que très peu d’écrits et les traces qui en subsistent aujourd’hui sont rares [1] .

            Le mode d’habitation, sans doute nomade et migratoire à l’origine, devient par la suite sédentaire puis prend la forme d’un village [2]; nous sommes situés ici à la jonction d’une descente de mer et d’un chemin côtier [3] allant de Fécamp à Dieppe, peut-être le chemin de Saint Vaast dont nous allons parler plus loin [4] .

            La présence humaine est donc attestée dès le Néolithique dans ce secteur boisé à l’origine qui sera par la suite et à différentes périodes complètement défriché [5] .

            L’origine du nom «Senneville»

Le nom de Senneville viendrait à l’origine du latin Sanus "sain" sans doute dans le sens de «fertile» et de Villa "domaine rural"; en 1025 on retrouve Sonevilla, vers 1119 "Se(i)gneville" qui devient "Sen(n)eville" en 1154; il y eut également «Seyneville» (Charles de Beaurepaire).

Les confusions existent avec Sainneville près de Saint Romain de Colbosc qui en 1195 donnait «Sanavilla»

On est tenté d’attribuer à Senneville sur Fécamp – aussi bien qu’à Sainneville sur Seine – la localité dénommée Sennam ou Sennau qui à l’époque franque en 698 fût donnée à l’abbaye de Fontenelle par Bénigne lequel devint ensuite abbé de ce monastère (710-722); nous savons que les offices du monastère de femmes de Fécamp dirigé par Hildemarque étaient assurés par les moines de Fontenelle [6] .

Mais, selon l’abbé Cochet [7] , l’origine peut aussi être saxonne avec «Saxonis-villa» (Guilmeth)

La toponymie

En secteur remembré (section ZB), il y a: le val Saint Nicolas, le champ de la Vierge, le Val aux Ormes, le chemin de la Chapelle, les Cinq Vals

En secteur non remembré: (section A1) les Bar(r)ettes hameau, la croix Guéroult; (section A2) la mare Ricarmare, Senneville, le champ de Bondeville, les Longues Raies [8] , la Pierreuse, le Val de la Mer; (section B) les Plantis, Ableville hameau [9] .

Le long de la côte, les noms connus et cités sont, d’ouest en est: le val Saint Nicolas, la rivière souterraine du Heurt, la pointe du Heurt, le val à Ebran, le Chien Intrépide, le val de la Mer, le Chien Neuf qui est le résultat d’un effondrement de la falaise en 1944 et enfin le val Ausson.

Enfin, nous rencontrons des références au boisement très ancien de la région: il y avait à Fécamp au pied de la côte de la Vierge une «rue Sous le Bois»; à Eletot, de l’autre côté du val Ausson, un lieu-dit «Chemin de Boisval».

            Les remembrements ruraux

            Les remembrements successifs d'une commune ont pour objectif la restructuration des parcelles et des exploitations agricoles; ils sont rendus nécessaires par la modernisation des méthodes de cultures et pour lutter contre les partages familiaux qui se faisaient autrefois en nature c'est-à-dire en subdivisant dans la longueur chacune des parcelles en fonction du nombre d'héritiers.

            Les remembrements ne devraient pas porter atteinte à l'histoire d'une commune; ici, la toponymie des lieux-dits en principe n'a pas disparu; par contre, de nombreux chemins et passages ont disparu …

Les chemins, la voirie

La structure d’un réseau de circulation est toujours utilitaire; il s’agit d’aller d’un point à un autre; à Senneville, il y en avait 24, tous dénommés «allant de … à …» [10] . Un inventaire est établi et est annexé à une délibération du conseil municipal du 7 mars 1830; la largeur est fixée pour tous à 3 mètres, sauf 3,5 m pour le chemin de l’Eglise au hameau d’Ableville et 5 m pour le chemin de Senneville à la Grande Route, pour tenir compte d’un plus grand usage.

La Grande Route de Fécamp à Cany avait été percée au tout début du 19ème siècle: nous avons pu relever en archive en 1816 pour sa construction une fourniture de cailloux – de galets de plage – ; en 1830, elle était à peine terminée.

L’occupation de la côte

            A la fin de la Protohistoire, la région était occupée autant le long de la côte maritime que vers l’intérieur du pays.

Nous sommes entre le fort Baudouin au cap Fagnet – et le camp du Canada - à Fécamp et le Catelier à Veulettes puis la cité des Limes à Dieppe

            La Seine et l’intérieur du pays étaient occupés à Sandouville, Saint Sanson de la Roque, Caudebec puis à Heugleville.

La carte de Cassini (2ème moitié du 18ème siècle) indique pour notre secteur une protection militaire:

- La butte du Catelierà Veulettes: une batterie de deux pièces de canon

- plus des corps de garde dans les valleuses de Saint Pierre en Port, Eletot, les Grandes Dalles et les Petites Dalles.

- à Fécamp, une batterie de sept pièces de canon au fort Baudouin

- Deux batteries à Renéville, l’une de deux pièces et une autre de cinq pièces.

En 1762 il y avait une capitainerie de gardes-côtes à Saint-Pierre en Port qui se rassemblait à Angerville et avait des canonniers et des fusiliers; la capitainerie de Fécamp se rassemblait à Epreville [11] .

Le Mesnil de Senneville


Dès les premiers temps, il y eut à Senneville une habitation seigneuriale ou Mesnil; celle-ci fût assiégée par les Vikings; au Xème siècle, le Mesnil de Senneville est gouverné par Godfried le Pirate, chef normand, attributaire de celui-ci lors du partage de la Neustrie par les normands en 912  [12] .

Le Mesnil est donné par Richard Ier aux chanoines de Fécamp [13] .

Un Geoffroy du Mesnil est témoin pour l'abbé de Fécamp en 1116 [14] et entre 1128 et 1133 [15] .

Pendant la guerre de cent ans, les troupes de Charles le Mauvais en 1363 commirent des ravages à Senneville et à son Mesnil.

Les guerres de religion l’achevèrent de sorte que depuis cette époque, il ne subsiste rien; nous n’en avons aujourd’hui qu’un simple rappel avec la dénomination de la rue du Mesnil et le chemin de la mare du Mesnil, la mare ayant elle aussi disparu, en 1958.

Ce Mesnil de Senneville était sans aucun doute un lieu de résidence, un lieu d’exploitation mais peut-être aussi, sans doute accessoirement un lieu de défense; nous avons vraiment le sentiment que le Mesnil était chargé de la surveillance et de la protection des deux valleuses de Senneville et d’Eletot, le Val de la Mer et le Val Ausson; situé entre les deux accès, en position dominante, il était complété semble-t-il par deux postes situés en bordure de la falaise maritime, l’un en amont du Val de la Mer et l’autre en aval du Val Ausson: il s’agit de deux vastes parcelles rectangulaires aujourd’hui entaillées et diminuées par le recul de la falaise, entourées d’un talus de terre et desservies par des chemins en accès direct avec les valleuses et avec le Mesnil; ces deux endroits, nous a-t-on dit, présentent selon le temps et les saisons des cercles visibles dans l’herbe [16] .


Le recul et la disparition de la forêt

            La forêt normande, ici la forêt de Fécamp, était à l’origine un attribut et un privilège de la noblesse qui y exerçait son droit de chasse; aux temps des Mérovingiens et des Normands, le plateau était couvert de bois, et c’est là que, a-t-on dit, chassaient Anségise, Waninge et Clotaire; on raconte qu’un duc ou seigneur normand, égaré dans les bois, promit et donna à l’abbaye de Fécamp une cloche nommée «la Riotte» [17] .

            Petit à petit, la paysannerie va s’octroyer des droits d’usage, et aussi grignoter les lisières ou même défricher par essartage; l’abbaye de Fécamp, détenteur de la baronnie, jouera aussi un rôle important dans le défrichement [18] .

            De ce fait, le plateau de notre région, totalement boisé dans les temps très anciens, va au cours du Moyen-âge être profondément modifié et laisser place à des cultures et des herbages.

Les activités humaines

Que faisait-on autrefois à Senneville? Essentiellement des activités maritimes et rurales; après les défrichements forestiers d’origine, l’agriculture et l’élevage se mirent en place; Senneville avait autrefois vingt fermes, deux seulement aujourd’hui; il y avait des moutons dans le secteur d’Hableville [19] , et aussi l’extraction de la marne, du sable dans les falaises [20] , du galet sur la plage, le ramassage du varech pour le transformer en soude [21]; une briqueterie [22] fournit un moment des emplois, mais la pêche aura toujours été l’activité principale; les terre-neuvas et morutiers de Fécamp mais aussi les drifters pour le hareng enrôlent la plupart des hommes du pays que l’on voyait au moment des départs arpenter avec un baluchon tous les chemins côtiers bien au-delà de Saint-Pierre en Port jusqu’à Fécamp pour une vie nécessaire et laborieuse [23] .


            Possession – Dépendance - Tenure

            En 1026, Richard II, duc de Normandie, fait don de l’église ainsi que du mesnil de Senneville à l’abbaye de Fécamp; précédemment Odon fils de Godfried attributaire de Ganzeville, avait déjà offert à la même abbaye l'église de Senneville et une ferme.

            En 1119, Henri I, comte d’Eu, donne l’église de Senneville à l’abbaye Notre Dame d’Eu

            En 1139, le pape Innocent II confirme cette donation.

            En 1154, Jean, comte d’Eu, lconfirme la possession de la moitié de Senneville, donnée par un de ses hommes, Josselin Croel, à l’époque de sa mort [24] .

            En 1272, l’église redevient une possession de l’Abbaye de Fécamp qui l’alléguait comme possession antérieure, ceci jusqu’à la Révolution.

L’état des fiefs de 1604 nous indique que Senneville dépendait de la vicomté de Caudebec, de la sergenterie de Grainville – la Teinturière –, de la baronnie de Fécamp; qu’en la paroisse de Senneville, il y avait deux fiefs: le quart de fief de la paroisse de Senneville qui a appartenu à Pierre Rondel, à François de Baudot et à Georges Alorge et le tenait du vicomté de Rouen (aveux de 1607 et 1653); le quart de fief dénommé fief Habeville appartenait vers 1520 à Puchot de Gerponville puis à Monseigneur Guyon Le Bouteiller qui le tenait de l’Abbaye de Fécamp; suivant la coutume, le seigneur d’Hableville devait présenter la coupe à l’Abbé de Fécamp le jour de son entrée dans la ville, mais en récompense il gardait pour lui cette coupe.

            En la paroisse de Bondeville sur Fécamp, un huitième de fief appartenant à Pierre de Caumont, tenu du fief de Bléville appartenant à Jehan Toustain, un huitième de fief nommé fief de Bondeville appartenant à Jehan de la Haule, tenu dudit de Bléville, un fief du Bec appartenant à M d’Estoutteville

En la paroisse d’Ecretteville, un fief nomme le fief d’Emondeville appartenant à Guillaume le Sueur tenu du fief et sieur de Lintot en la sergenterie de Bolbec appartenant aux héritiers de M Loys de Regnieville.

Et à ces mêmes époques, nous savons qu’un manoir et plusieurs pièces de terres situées à Senneville appartenaient (en 1567, 1625, 1636, 1660, 1744) au prieuré Notre Dame du Bourg Baudouin lequel dépendait de l’abbaye de Fécamp: en 1625, l’abbé de Fécamp permet au prieur de Notre Dame de bâtir une volière sur le grand manoir de Senneville moyennant trois aires de pigeons de rentes seigneuriales à la pitancerie de ladite abbaye; un aveu concernant les terres de Senneville est rendu aux religieux de Fécamp par dom Arnaud prieur le 26 mai 1761 [25]; le nom des fermiers est Dumenil (1782) puis Dujardin (1790).

            La Révolution Française de 1789 va profondément modifier le système féodal de possession des terres; les biens des émigrés, ici Antoine Frédéric François de Giverville [26] , et les biens d’Eglise, de l’abbaye ou de l’Abbé de Fécamp, sont confisqués et revendus à Charles Leplay, Jean Bérigni, Christophe Viellot ou N. Herteut. Les biens paroissiaux sont maintenus à la Fabrique. Le bien public est géré par une Commune avec à sa tête un Maire, l’état-civil est laïcisé; plutôt que l'Eglise ne constate les baptêmes, les mariages religieux et les sépultures des paroissiens, désormais la mairie va constater les naissances, les mariages civils et les décès de tous les habitants de la commune.

L’église

Vocable – Saint-Patron

            L’église était autrefois sous le vocable de Saint-Vaast, évêque d’Arras, apôtre des Francs (6ème siècle) qui aurait évangélisé la contrée et en outre aurait fondé l’église primitive de Senneville, dont il ne subsiste rien.

            Cette dédicace à Saint-Vaast serait liée à l’existence d’une voie romaine qui ici se serait appelée «chemin de Saint-Vaast»; selon dom Grenier, cité par l’abbé Cochet, presque toutes les églises dédiées à Saint Vaast sont placées sur des voies romaines

            L’église est actuellement sous le patronage de Sainte-Anne.

Périodes de construction de l’église:

- fin XIIème-XIIIème siècle: en remplacement d’une église primitive, construction d’un édifice de style gothique dont il subsiste la base intérieure de la tour et les travées n°3, 4, 5 et 6 de la nef, les arcades séparant la nef centrale des bas côtés et une fenêtre cachée par un rétable.

- Fin XVIème siècle: suite à un incendie en 1594 pendant la guerre de la Ligue, reconstruction de la tour dans le style de la Renaissance, avec la flèche et l’escalier d’accès [27] .

- XVIIème-XVIIIème siècle: agrandissement réalisé dans le style gothique du XIVème siècle avec les travées n°1 et 2 formant le chœur, l’abside, les bas-côtés, la sacristie et les deux chapelles de part et d’autre du clocher.

- XIXème-XXème siècle: quelques aménagements avec les vitraux, le mobilier, des statues.


         A Hableville, la maladrerie

            Dès 1554, le roi de France Henri II avait fait construire un hôpital près du bassin du Havre mais en 1669, le roi Louis XIV en ayant acheté la place pour y bâtir un arsenal, l’hôpital fût transféré à Ingouville, au lieu où il est encore aujourd’hui; les lettres patentes de l’érection sont du 16 mai 1669. D’après un aveu produit en 1723 à la Chambre des Comptes de Rouen, elles unissent à l’hôpital outre la chapelle Saint Roch, les léproseries d’Abbeville paroisse de Senneville, du Bec Crépin, du Bec de Mortagne, de Colbosc, de Comte-Moulins [28] . La léproserie se composait uniquement d’une acre et demie de terres, que les administrateurs fieffèrent en 1733 moyennant une rente de 23 livres [29] .  

            Attaché à ce lieu, on  évoque une chapelle qui figure dans le tableau de l’ancienne église de France; celle-ci aurait encore été au service du culte au 18ème siècle.

La Croix Guéroult

            Sculptée au 16ème siècle, le pied est orné de trois personnagesqui seraient Saint Jacques, Saint Roch et Saint Waast – un pèlerin et son bourdon, un évêque coiffé de la mitre et un autre personnage? –

            Plusieurs légendes entourent ce monument, celle du souvenir d’un berger très estimé tué à cet endroit par la foudre; celle d’un homme perdu dans la neige; enfin celle de voyageurs attaqués par des bandits mais qui auraient été sauvés.

            Près de ce calvaire, l’abbé Cochet [30] évoque une chapelle alors déjà détruite, située sur le bord du chemin allant de Fécamp à Arques qui à Fécamp porte le nom de rue Arquaise.

Les travaux, répertoires ou inventaires préhistoriques réalisés


- Léon de Glanville publie en deux parties dans les annuaires de 1852 et 1853 de l’Association Normande pour les progrès de l’agriculture, de l’industrie, des sciences et des arts une «Promenade archéologique de Rouen à Fécamp»; l’histoire de Senneville est détaillée pages 396 à 400

- l’abbé Jean Benoit Désiré Cochet en 1866 publie «La Seine Inférieure historique et archéologique»; sur Senneville, page 471, il ne cite que quelques points d’histoire, soit de l’époque romaine, le chemin de Saint Vaast, soit de l’époque franque, la donation par Bénigne à l’abbaye de Fontenelle – Saint-Wandrille – d’une localité dénommée Sennan ou Sennau, enfin la légende de la cloche dénommée la Riotte.

Aucune trouvaille archéologique n’est citée, contrairement aux localités environnantes comme Colleville

            Dans son «Répertoire archéologique du département de la Seine Inférieure», il complète son premier ouvrage par une description historique sommaire de l’église et par une simple mention de la léproserie et de la croix Guéroult.

 

            - Georges Romain publie dans le bulletin de la société normande d’études préhistoriques de 1901-1902, pages 23 à 26, un article intitulé:«Stations néolithiques dans les environs de Fécamp» puis dans le bulletin de la société de géographie commerciale de Bordeaux de 1907 un « Aperçu géologique et préhistorique sur le Havre et ses environs». Les outils de pierres polies sont rares dans nos stations; sur 3000 silex taillés recueillis par Dubus et lui-même lors de leurs recherches dans toute la région, ils comptèrent à eux deux seulement une demi-douzaine de pierres polies [31]; ici, les recherches eurent lieu entre le phare et la valleuse appelée «les échelles de Senneville»; nous retrouvons là les mêmes formes et les mêmes types d’outils que sur Saint-Léonard; cependant nous avons cru remarquer qu’on y trouvait en plus grandes abondances des nucléi, des percuteurs et surtout des lames de silex…


            - Le docteur Léon Dufour dans le même bulletin, pages 34 à 36, fait une incursion furtive en archéologie avec une communication intitulée «Différentes Manifestations du passage de l’homme à Fécamp»; il se dit lui-même archéologue d’un jour et je le cite «Au Trou à la Monnaie, sis sur la côte Nord  de la ville, près du champ de courses, il a trouvé quelques silex manifestement taillés volontairement et qui paraissent être de la période acheuléenne. Cet emplacement semble avoir été un atelier de fabrication, car les pièces finies ne s’y rencontrent guère, tandis que celles qui ont subi un commencement d’ébauche sont les plus fréquentes.

            «Les belles collections que vient de présenter aux membres de la Société leur distingué collègue M. Romain et qui proviennent de Saint-Léonard et du plateau de Senneville immédiatement au dessus de l’endroit indiqué, sont, à ce qu’il semble, la confirmation de cette idée, et en tout cas la preuve de la présence de l’homme dans ces régions à la période chelléo-moustérienne.»

- Léon de Vesly fait en 1905une communication au Corpus des trésors monétaires antiques de la France - Haute Normandie - Société Française de Numismatique: des monnaies d’or romaines isolées ont été retrouvées à Senneville – solidus de Valentinien III - .

            -  Robert Flutsch le 9 décembre 1937 livre à l’association des Amis du Vieux Fécamp une conférence intitulée «A travers les villages cauchois, Senneville sur Mer»; elle sera publiée dans les bulletins de l’association pages 117 à 134; il s’agit d’une reprise de l’histoire de la commune.

            - le docteur Robert Soulignac en 1980, dans son ouvrage «Les calètes dans la région de Fécamp» cite des outils néolithiques, des tessons de céramique commune et sigillée en bordure d’un ancien chemin, un fragment de canalisation en tuile plate à Hableville mais aussi un «disque à silex» de technique levalloisienne – paléolithique moyen – découvert en 1963. Il s’intéresse surtout aux voiries antiques et médiévales

- Louis de Beaurepaire a été résident et puis maire de Senneville pendant de nombreuses années; il arpentait souvent la localité qu’il connaissait bien: aux Longues Raies, il retrouve – cité par Robert Soulignac - les restes d’une construction gallo-romaine, de la céramique commune et sigillée ainsi qu’une monnaie de Faustine.

D’autres travaux doivent être cités, touchant Senneville et la région, ceux de Savalle en 1883, de Dubus et Romain en 1897, de Gallois et Fortin en 1898, de Dubus en 1903puis en 1915.

Situation administrative et démographie de la commune

- Senneville dépend de l’arrondissement du Havre depuis 1926 – auparavant Yvetot -, est rattaché au canton de Fécamp par décret du 24 août 1953, - auparavant Valmont - puis au diocèse du Havre lors de sa création en 1974

- Senneville sur Mer devient Senneville sur Fécamp en 1953; pendant la révolution française elle portait le nom de «La Charité»; bien avant, il y eut «Senneville les Bois» en référence à la forêt qui occupait les plateaux.

- Nombre d’habitants: 60 feux en 1240; 85 feux en 1738, 122 feux ou 619 habitants en 1806, 169 feux ou 610 habitants en 1820, 715 ou 745 habitants en 1851, 660 en 1876, 566 en 1938-1943, 565 en 1990 et aujourd’hui 770.

Anciens habitants

Ce texte est pour nous l’occasion de citer la mémoire de deux anciens habitants de Senneville: Jacques Le Ber serait né à Senneville en 1679 associé à Charles Le Moyne dans le commerce de la fourrure au Canada où il fonde Senneville près de Montréal [32]; et  Paul Allard (1841-1916) juriste, archéologue et historien, auteur de plusieurs ouvrages sur l’histoire du catholicisme, originaire de Rouen mais qui vécut de nombreuses années à Senneville et y décéda le 4 décembre 1916 [33] .

Pour conclure, Senneville a été profondément modifiée au fur et à mesure des temps; les guerres, les épidémies, famines et autres calamités de notre histoire ont trop souvent dévasté nos campagnes; ici, la guerre de Cent Ans ruine le Mesnil et aussi les habitants; les guerres de Religion provoque l’incendie de l’église et du presbytère ; au 19ème siècle, le chaume [34] et le torchis, finalement vulnérables, sont remplacés par l’ardoise et la brique ; aujourd’hui, la poussée récente de la population amène des maisons neuves.

Fasse que cet endroit poursuive encore longtemps son existence, agréablement. 

Yves Duboys Fresney

                                                                                              (reproduction interdite)

Notes                                                



[1]   En outre, la composition acide du sol ne permet de conserver aucun reste calcaire, animal ou humain; les travaux archéologiques cités ne porteront donc que sur des découvertes de pierres, de poteries ou  de monnaies.

[2]   Au Paléolithique, les premières populations vivaient de pêche et de chasse, en campements, d’une façon nomade;  au Néolithique, les nouvelles populations pratiquent les premiers défrichements et se sédentarisent; il y eut alors plusieurs occupations, en plusieurs endroits et à différents moments; la notion de village n’apparaîtra que plus tard (sources Jean Pierre Watté).

[3]   L’habitat ancien en hauteur proche des valleuses pour accéder à la mer est fréquent: Senneville, Saint Pierre en Port, Vinchigny, d’une façon moins nette: Elétot, Sassetot, Saint Martin, Le Mesnil de Veulettes; l’habitat dans les valleuses dû à la pêche est plus tardif: Les Grandes Dalles, les Petites Dalles, Veulettes et aussi Yport.

[4]  Pour mieux comprendre cette localisation, il faut imaginer le recul des falaises et de la côte: les hypothèses donnent un minimum de 5 cm par an et un maximum de 15 cm par an, soit sur mille ans entre 150 m et 450 m!

5  Les premiers défrichements remontent au Néolithique; avec le premier Age de Fer, une péjoration du climat entraîne un retour de la forêt; de nouveaux défrichements importants ont lieu à la Tène; après les Grandes Invasions, nous assistons à un nouveau retour de la forêt; à partir du 11ème siècle, les défrichements reprennent (sources Jean-Pierre Watté).

[6]   Histoire des diocèses de Rouen le Havre sous la direction de N-J Charline

[7]   Les églises de l’arrondissement d’Yvetot

[8]  Se retrouve souvent dans la toponymie locale: voir le carrefour du marché aux raies à Maniquerville.

[9]   Il y a ici plusieurs orthographes, avec ou sans H.

[10]   Quelques uns sont tout de même personnifiés: la rue d’Abbleville, le chemin vert d’Abbleville, le chemin Moulinier, le chemin du Goulet et puis, dois-je le citer, le chemin du Mal au Cul.

[11] Glanes historiques sur le Havre et son arrondissementpar Alphonse Martin imprimerie Durand Fécamp 1878

[12]    Ou bien tué en 885?

[13]   Histoire de la ville et de l'abbaye de Fécamp par Léon Fallue page 81 Rouen 1841.

[14]   BN Moreau T46 Fo102.

[15]   Regesta Tome2 1562)

[16]   Ce que l’on appelait des ronds de sorcière ou des ronds de fées peuvent être de deux origines, soit des fossés circulaires de l’époque protohistorique, soit seulement des mycéliums.

[17]  Voir l’abbé Cochet; compte-tenu de cette remarque, nous plaçons les grands défrichements de la région à l’époque normande plutôt qu’à la période antérieure gallo-romaine.

[18]  La partie septentrionale de la Forêt de Fécamp, connue sous le nom de Forêt des Hogues, appartenait aux moines de Fécamp (voir la charte de Henri II, datée de Fécamp, transcrite dans le registre de M. Germain n°4 f2).

[19]   L’on y aurait retrouvé de vieux métiers à tisser la laine.

[20]   Nous avons retrouvé un chemin allant de Senneville aux sablonnières de la falaise.

[21]   Cette activité faisait l’objet d’une déclaration en mairie que l’on retrouve dans les délibérations du conseil municipal du début du 19ème siècle.

[22]   La briqueterie de Senneville mériterait une étude particulière.

[23]   Ces longs déplacements étaient agrémentés par des estaminets et par des chansons notamment «Les gars de Senneville»; de nombreux marins habitaient donc à Senneville mais nous y avons aussi retrouvé un armateur Guillaume Chesnée (vers 1820-1830).

[24]   Histoire de la Ville et de l’Abbaye de Fécamp par Léon Fallue page 169 Rouen 1841.

[25]    Ouvrage du 13ème centenaire de l’abbaye bénédictine de Fécamp - 658-1958 -

[26]  Nous avons relevé la présence d’un autre noble domicilié à Senneville: il s’agit de Nicolas de Noury, écuyer, sieur de Grandval.

[27]   Pendant l’incendie, les archives paroissiales disparaissent; celles qui subsistent aujourd’hui ne sont conservées que depuis 1606; concernant l’église et le presbytère, il a été mentionné aussi une destruction par incendie le 16 juin 1642 par les soldats du Fort Baudouin.

[28]   Société Havraise d’Etudes Diverses 26ème année 1859 page 87

[29]   Glanes historiques sur le Havre et son arrondissementpar Alphonse Martin imprimerie Durand Fécamp 1878

[30]   Répertoire archéologique du département de la Seine Inférieurepar l’abbé Cochet

[31]   Une hache polie a été retrouvée par un agriculteur de Senneville.

[32]   Cette version serait à vérifier car l’on sait par ailleurs que Michel Sidrac Dugué de Boisbriand né en France dans le diocèse de Nantes s’enrôle comme capitaine dans le régiment de Carignan-Sallière et arrive à Québec en septembre 1665; il devient en janvier 1672 seigneur de Senneville et en 1679 vend ce territoire à Charles Le Moyne et son beau-frère Jacques Le Ber.


[33]   Voir un article sur lui dans Wikipédia

[34]   Un Louis Duval décédé en 1814 a été couvreur en chaume à Senneville, peut-être le dernier.