Brèves Terre-Neuviennes

 

 

- En juillet 1583, Sir Humphrey Gilbert proclama le premier rattachement de Terre-Neuve à la couronne d'Angleterre.

 

            - Le marquis de Mirabeau écrit sur la Colonie du Canada. - « La terre était excellente dans ses productions, la mer la plus poissonneuse qui soit au monde, le commerce des pelleteries tout neuf et si abondant qu'on n'en savait que faire. Ils se déterminèrent en braves Français : ils prirent tout, et tout de suite furent plus loin pour voir s'il n'y aurait pas encore quelque chose de meilleur. Ils étaient sept ; un demeure en Terre-Neuve et dit : « Malgré ces brouillards je tiens ici, et toute la pêche est à nous » ; deux en Acadie, qui bientôt se battirent entre eux, à cause qu'ils étaient trop serrés. Les quatre autres se furent poser à Québec, dont l'un fut à plain-pied par le plus beau chemin du monde s'établir dans la baie d'Hudson ; deux autres, pour prendre l'air, remontèrent le fleuve pendant quelques vingt-cinq, trente ou quarante jours, jargon­nèrent avec les sauvages, et leur demandèrent des nouvelles, les filoutèrent de leur mieux, furent à la chasse des hommes avec les premiers qui les en prièrent sans leur demander pourquoi et seulement pour se désennuyer, fichèrent quatre bâtons en terre qu'ils appelèrent « forts », partout où il leur parut que s'assemblait la bonne compagnie, et surtout plantèrent force poteaux où ils eurent soin d'écrire avec du charbon : « De par le roi ». - voir l'ouvrage du Marquis de Mirabeau, L'ami des Hommes (1756-1758) - repris dans les notes de Alexis de Tocqueville.

 

            - Ouragan de Terre-Neuve de 1775 : Une tempête frappa Terre-Neuve le 9 septembre 1715. Il n'est pas certain que ce fut le restant de l'ouragan qui frappa la côte américaine, presqu'une semaine avant, mais c'est probable. Cette tempête, qui passa sur les Grands Bancs, est la première rapportée officiellement dans le Canada Atlantique et la plus meurtrière de l'histoire du Canada.

Le gouverneur colonial Robert Duff rapporte qu'elle causa de très grands dommages à la flotte de pêche par ses vents violents. Un grand nombre de bateaux et leurs équipages furent perdus en mer et plusieurs navires s'échouèrent. On dénombra 4 000 marins, surtout d'Angleterre et d'Irlande, noyés dans la tempête. L'onde de tempête qui atteignit la côte avait localement de 6 à 10 mètres …(sources wikipédia)

 

            - Chateaubriand quitte Saint-Malo le 8 avril 1791;  après une escale à l'île Saint-Pierre près de Terre-Neuve le 23 mai 1791, son bateau un brick "le Saint-Pierre" le débarque à Baltimore le 10 juillet suivant ; ce sera pour lui le début de son voyage en Amérique…

 

            - l'expédition de l'amiral Joseph de Richery à Terre-Neuve; parti de Cadix début août 1796, il fit route pour l’Amérique-Septentrionale où il avait ordre de se rendre. Le but de cette expédition était de détruire tous les établissements de pêche anglais sur les côtes de Terre-Neuve et du Labrador. Arrivé, le 28 août, sur le grand banc de Terre-Neuve, il s’empara d’environ quatre-vingts bâtiments, qu’il coula ou détruisit après en avoir retiré les objets les plus précieux. Il passa ensuite dans la baie de Bull (île de Terre-Neuve), prit tous les bâtiments qu’il y trouva, et ruina tous les établissements anglais. Eu même temps, il détacha de son escadre deux vaisseaux et une frégate, sous les ordres du capitaine Allemand, pour aller faire la même opération sur la côte du Labrador. Avec le reste de ses vaisseaux, Richery se porta sur les îles de Saint Pierre et Miquelon, où il ruina également tout ce qu’il y avait d’établissements de pêche. Le résultat de ces opérations combinées, sur les côtes de Terre-Neuve et du Labrador, fut la destruction de diverses possessions très importantes, et la prise de plus de cent bâtiments coulés ou brûlés.

            L'on pensa alors que les Républicains français n'aurait eu qu'à débarquer 6000 hommes au Canada pour reprendre la colonie à l'Angleterre…

 - 22 décembre 1869 : Terre-Neuve vote contre son rattachement au Canada.

- A Port au Choix, en 1900, il y eut l’incendie provoqué par Ingram ou Sugram Taylor des installations Saint-Mleux, anciennement Lemoine, sur l’île Saint-Jean. La cour de Saint-John le condamne à un an de travaux forcés et à la relégation ; Bravo sans doute mais l’argent … se demandait Léopold Soublin – Cent ans de pêche à Terre Neuve tome III page 747 –

Nous recherchons le jugement de condamnation pour en savoir un peu plus des circonstances de l’affaire…

 

            - Pierre de Coubertin écrit dans sa "Revue du Pays de Caux" numéro 4 de septembre 1902 un article "Du bassin de l'Eure à Bowling Green" soit du Havre à New York sur le Bretagne de la Compagnie Transatlantique, avec le passage suivant:

            "Nous avons passé Terre Neuve; on a d'ailleurs rien aperçu et rien entendu non plus: "Les chiens" - de Terre Neuve - n'aboyaient pas. C'est la grande plaisanterie à bord; on la fait à tout le monde et parfois, paraît-il, on rencontre des gens assez bêtes pour tendre l'oreille. Les brouillards en revanche sont plus faciles à rencontrer que les chiens; dans ces parages, ils sont très dangereux; on les traverse par bancs et lorsque le navire en sort, on aperçoit la masse brumeuse qui flotte sur la mer. Toute la journée, la sirène a marché; son bruit rauque et désagréable et ses longs hurlements désespérés nous donnent le spleen…"

            Pendant donc que les mauvaises plaisanteries fusaient sur les ponts des Transatlantiques, aussi bien, au même moment, dans le brouillard ou dans la nuit, des doris de pêche étaient mis en difficulté par la vague d'étrave du navire qui filait en ligne directe et à grande vitesse sur New York pour sans doute battre un record de traversée.

            C'est à cette même époque que le commandant Riondel et aussi le journaliste Léon Berthaut attiraient l'attention de l'opinion internationale sur la protection des zones de pêche; les routes des Transatlantiques furent enfin détournées vers le sud pour éviter à la fois les doris de pêche mais aussi les icebergs venus du Nord.

 

            - Le Royal Newfoundland Regiment (R NFLD R) trouve ses origines en 1795 et est depuis 1949 une unité de milice ou de réserve de l'armée canadienne. Durant la Première Guerre mondiale, le régiment, qui avait alors la taille d'un bataillon, était la seule unité nord-américaine présente durant la bataille des Dardanelles en 1915. Plus tard, le 1er juillet 1916, le régiment fut quasiment décimé à Beaumont-Hamel, le premier jour de la bataille de la Somme. Depuis lors, le 1er juillet est un jour de commémoration à Terre-Neuve et dans le Labrador.

            Beaumont-Hamel se situe donc en France entre Amiens et Arras, dans le département de la Somme en limite du Pas de Calais … Vous y trouverez sur les lieux des combats un mémorial du souvenir pour ces faits tragiques.

 

 

- 1941 : Deux mois après la Déclaration de Londres – palais de Saint-James du 12 juin - , un nouveau pas vers la constitution d’une organisation mondiale fut franchi lors de l’entrevue de Winston Churchill et du président Roosevelt sur le navire « Augusta » au large de Terre-Neuve. Le 14 août, lors de cette rencontre, les deux chefs d’Etat publiaient une déclaration commune appelée Charte de l’Atlantique.

Ce document n’était pas un traité entre deux puissances, ni l’expression définitive et officielle de leurs vues sur la paix. La Charte était l’affirmation « de certains principes communs, à la politique nationale de leurs pays respectifs » et sur lesquels ils fondaient leurs espoirs d’un avenir meilleur pour le monde.

La Charte de l’Atlantique comportait huit points traitant de :

- renonciation aux agrandissements territoriaux ;

- modifications territoriales sans l’accord des populations ;

- droit pour les peuples de choisir leur forme de gouvernement ;

- égal accès aux matières et aux marchés ;

- collaboration économique ;

- liberté des mers ;

- sécurité de toutes les nations ;

- renonciation à l’usage de la force.

 

            - Le rattachement de Terre Neuve au Canada s'est réalisé lors d’un traité à Ottawa du 12 décembre 1948 ; il sera effectif le 31 mars 1949 ; l’un des motifs était l'endettement du pays qui s’élevait alors à 80 millions de dollars …

 

            - 2011 : après plusieurs siècles d'activité morutière, Bordeaux va perdre le dernier vestige de la grande pêche, le hangar à sel, qui va être livré aux démolisseurs. Nostalgie quand on pense qu'il y a 30 ans un grand pardon réunissait la flotte de chalutiers à BACALAN et qu'aujourd'hui le dernier morutier "Le Commandant Gué" reste désarmé à quai…

 

            - Les phoques sont-ils à l'origine de la chute des stocks de morue observée depuis le début des années 90 dans les eaux de l'est du Canada ? - étude néo-écossaise publiée par la revue Fisheries Research et rapportée par le site Cyberpresse - "Nous avons réanalysé les données utilisées par d'autres études et conclu que les phoques mangent beaucoup plus de morue que prévu".

            Une autre explication à la diminution "Quand les stocks se sont effondrés, les proies de la morue sont devenues les prédateurs des petites morues. Les stocks de ces anciennes proies se sont multipliés par 10 puis se sont à leur tour effondrés. La morue a pu reprendre sa place, ce qui explique la croissance des dernières années. - étude publiée dans la revue Nature -

 

-          «Sur les 400 prises de bateaux étudiées à La Rochelle, seules quelques-unes se terminent en abordage; les corsaires sont plutôt raisonnables, ils évaluent la force de l'adversaire avant de se lancer» source: x

 

- Qui a tué la morue des bancs de Terre-Neuve ? Comment une activité restée viable pendant plus de cinq siècles a-t-elle pu disparaître en quelques années ? C'est le sujet sur lequel se penche un reportage réalisé par Alain Guellaff, et diffusé sur France 3. Une page d'histoire qui intéresse aussi les bords de Rance, où les doris témoignent encore du passé terre-neuva.

Une enquête autour de trois villes pour lesquelles l'activité de la pêche à la morue fut déterminante : Saint-Malo, Saint-Pierre et Saint-Jean de Terre-Neuve. « Elle balaie 500 ans de cette incroyable épopée, jusqu'à ce jour de 1992 où le Canada décida d'un moratoire pour tenter de sauver une ressource en déclin. C'était déjà trop tard, la morue des bancs de Terre-Neuve avait été inexorablement décimée. » Mais cette décision fut aussi un drame humain vécu de diverses façons selon qu'on était Malouin, Saintpierrais ou Terreneuvien.

Des témoins malouins ; dans la région malouine, plusieurs témoins ont été interviewés. Yann Bessoule (journaliste) ; Renée et Gérard Brebel (femme de Terre-Neuva et pêcheur Terre-Neuva) ; Jean-Pierre Faisant (ex-radio) ; Herri Gourmelen (conseiller régional de Bretagne) ; Loïc Josse (libraire et écrivain) ; Ernest Laffiché (ex-capitaine) ; Aimé Lefeuvre (ancien Terre-Neuva) ; Philippe Petout (historien, Conservateur du musée de Saint-Malo) ; Patrick Soisson (armateur).

Nourri d'archives historiques, d'extraits d'actualités, d'images des pêcheurs eux-mêmes, « ce film témoigne des différentes causes : la prolifération des phoques suite à l'interdiction de la chasse, le réchauffement des eaux, mais aussi la découverte de pétrole, de gaz, aux enjeux économiques actuels considérables, les raisons qui ont conduit à la disparition d'une ressource qui nous a paru inépuisable ». Au final, ce reportage apporte des réponses à la question qui nous occupe tant aujourd'hui : que faisons-nous de notre nature ?

La morue était trop belle, diffusion en streaming et en replay sur internet, écrit et réalisé par Alain Guelaff.