Le Siam pendant la Première Guerre mondiale (1917-1919)

 

L’intervention militaire

Le Siam (désormais la Thaïlande depuis 1939) ne prit pas part dès le début aux enjeux de la Première Guerre mondiale ; il n’y participa qu’à partir de juillet 1917 pour des raisons d'opportunité ; entrée en guerre aux côtés des alliés, son armée s'est emparée de navires allemands et puis envoya un petit corps expéditionnaire en Europe. Cette action lui a permis de figurer parmi les vainqueurs de la guerre au Traité de Versailles et les fondateurs de la Société des Nations, améliorant ainsi notablement son statut international.

Lorsque le président des États-Unis Wilson déclara la guerre à l'Allemagne en avril 1917, il était clair que l’entrée en guerre des Américains aux côtés de l’Entente rompait l'équilibre au détriment des puissances centrales (Allemagne, Autriche-Hongrie, Bulgarie et Empire ottoman).

Resté à l'écart du conflit, le roi Vajiravudh (Rama VI) examina les opportunités qui lui étaient offertes. Bien que le Siam soit resté neutre depuis le début de la Première Guerre mondiale en août 1914 et que le pays jouisse de relations amicales avec l'Allemagne, Rama VI trouva avantageux de lier son sort à celui des puissances alliées. Le monarque était convaincu que la participation du Siam serait « une excellente occasion pour lui d'obtenir l'égalité avec les autres nations », le Siam ayant souffert des visées impérialistes tant des Britanniques (cession de quatre provinces du sud par le Traité anglo-siamois de 1909) que des Français avec la perte du Laos et du Cambodge.

En outre, le Siam ayant été contraint d'accepter des droits d’extraterritorialité pour les citoyens de pays comme la France, la Grande-Bretagne et les États-Unis, le roi Rama VI espérait que la participation siamoise à la guerre permettrait une révision de ces traités inégaux.

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Photo du roi du Siam Rama VI

Le 22 juillet 1917, malgré les réticences de certains membres du gouvernement royal, le roi Vajiravudh (Rama VI) déclara la guerre à l'Allemagne et à l'Autriche-Hongrie, le Siam saisissant immédiatement et, plus tard, conservant à titre de dommages de guerre onze navires appartenant à la compagnie “North German Lloyd” (LGN).

Les responsables militaires siamois étaient alors le général Ratischao et le colonel Uni Tchia Ham. 

Le Siam envoya en Europe une petite force expéditionnaire, sous le commandement du général Phya Pijaijarnrit (par la suite promu au grade de lieutenant-général et connu sous le nom de Phya Devahastin). Elle était composée de 1 284 volontaires et comportait un détachement de 95 pilotes du corps aérien[], un contingent du corps des transports, une unité médicale et une autre de maintenance qui devaient servir avec les forces britanniques et françaises sur le front occidental .

Les Siamois arrivèrent en 1918 et le personnel de l’armée de l'air commença à se former dans les écoles française de pilotage d’Avord et d'Istres. Plus de 95 hommes furent brevetés pilotes et certains furent envoyés à l'école de bombardement du Crotoy, à l'école de reconnaissance de La Chapelle-la-Reine, à l'école de tir de Biscarosse, et à l’école de chasse de Poix. Selon certaines sources, les pilotes effectuèrent leurs premières sorties dans les dernières semaines de la guerre (d'autres soutiennent que les Siamois terminèrent leur formation trop tard pour y participer).

L'unité médicale comprenait des infirmières ; elles furent, selon des sources thaïlandaises, les seules femmes à servir dans les tranchées du front occidental.

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Défilé du contingent siamois à Paris le 14 juillet 1919

Le contingent siamois participa au défilé de la Victoire à Paris le 14 juillet 1919 et fut de retour au Siam le 21 septembre 1919.

Un mémorial fut érigé en l'honneur du corps expéditionnaire à Bangkok, sur Sanam Luang (à l’angle près du musée national). Y figurent les noms des 19 soldats tués sur le front occidental. Un mémorial individuel (Sergent Major Charern Pirod) existe aussi dans l’enceinte du poste de police de Den Chai (province de Phrae).

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Monument aux morts à Bangkok

Le Siam a participé au Traité de Versailles ; les articles 135, 136 et 137 du traité de Versailles lui sont consacrés ; en janvier 1920, le Siam fut un des membres fondateurs de la Société des Nations.

Le 1er septembre 1920, la décision du roi Rama VI d'entrer en guerre se trouva pleinement justifiée lorsque les États-Unis abandonnèrent leurs droits d’extraterritorialité. Après cinq ans de négociations, la France a renoncé à ces mêmes droits en février 1925 et la Grande-Bretagne en juillet de la même année. Le Siam pourra ainsi conclure de nouveaux traités commerciaux avec une autonomie douanière et puis renforcer sa position à l’égard des chinois.

(Source principale : Wikipédia)

L’adjudant Louis Piquet (1889-1964)

En poste à l’Etat-Major de la 7ème armée, Louis Piquet est affecté à l’état-major siamois, compte-tenu certainement de ses connaissances dans la langue anglaise ainsi qu’en mécanique automobile ; il servit ainsi d’interprète à un groupement automobile siamois dirigé par le commandant Luan Rama et le capitaine Nityakara.

                        La position prise par Louis Piquet auprès des soldats siamois rappelle celle d’un autre rouennais René Dubuc, affecté au fort de Pompelle près de Reims auprès des soldats russes combattant sur le front de la Marne, et qui a laissé de ces soldats des caricatures aujourd’hui exposées dans le fort.

L’adjudant Louis Piquet, quant à lui, laissa les quelques photos ci-après, prises lors de l’accompagnement des soldats siamois en France :

 

 

Louis Piquet pendant la guerre