Le val Ausson ou valleuse d’Eletot

 

        Le Val Ausson se situe sur le littoral de la Manche, entre Fécamp et Saint-Pierre en Port, plus exactement entre Senneville sur Fécamp et Eletot, sur le territoire communal de cette dernière ; le terme de valleuse d’Eletot est impropre cas le vrai val d’Eletot se situe au niveau de la valleuse de Saint Pierre en Port ; cette valleuse est perchée avec accès à l'estran par un escalier – aujourd'hui condamné - ; d'une surface de l'ordre de 50 hectares, les contours en sont limités par un ravin ; la composition des lieux y est variée avec des prairies ou pelouses, des landes, des friches et des bois en taillis , le tout complété de quelques constructions légères ; la flore et la faune y sont significatives de l’ensemble des valleuses du Pays de Caux.

 

 

La flore

Les ronces

Ce couvre-sol est le plus important de la valleuse ; il est répulsif pour les promeneurs, protecteur de la faune et dominant à l’égard des autres plantes ; il attire en septembre de chaque année de nombreuses personnes pour la cueillette des mûres ;

Les ajoncs

Ce sont les ajoncs d'Europe à fleurs jaunes; depuis quelques années, cette plante devient dominante et invasive dans la vallée ; elle remplace la ronce à de nombreux endroits, en bordure d’herbages ou de layons, là où la ronce se retire de façon volontaire –layon, bordure de chemin ou allée-  ou involontaire –sous-bois-

Les arbres

Ils doivent résister aux vents et à l’humidité saline et puis s’adapter à la nature du sol; ils luttent assez bien contre le vent se limitant en hauteur et en faisant de nombreuses branches.

Les essences locales sont : les sureaux, très courants dans la vallée, en vieillissant  ils sèchent, cassent et jonchent le sol ; les saules sont assez résistants, souvent en rampant sur le sol ; les bouleaux, les aubépines, les érables (champêtres et surtout sycomores), les merisiers, les chênes poussent et se reproduisent naturellement ; certaines espèces importées ont mal pris, les acacias, les frênes, les noyers ; les châtaigniers importés se sont bien adaptés ; certains conifères se portent bien, le cyprès de Lambert, le pin maritime ; une tentative d’implantation de douglas sera bientôt menée…

De gros peupliers tremble ont été coupés le long du chemin de descente, côté Senneville, vers l’année 1990.

Les autres plantes

On y trouve de nombreuses autres plantes de provenance locale : des troènes, des digitales, des fougères sauvages ou bien scolopendres dites « langues de cerf », des orties, des orchidées sauvages, des choux maritimes, etc ...

 

La faune

Les animaux à plumes

Les oiseaux marins

Tous les oiseaux marins sont ici représentés, migrateurs ou sédentaires, les trois espèces de goélands, argentés, bruns et marins, les cormorans, les mouettes et sternes de toutes sortes ...

Les autres oiseaux migrateurs

Les oies volent hauts dans le ciel juste au-dessus de la valleuse en bordure de côte ; elles sont de passage en novembre venant du Nord et en mars y retournant, elles ne s’arrêtent et stationnent que rarement ;  les canards migrent aux mêmes périodes mais passent au raz de l’eau un peu au large des côtes, il faut des jumelles pour les observer ; ils s’arrêtent régulièrement la nuit sur les gabions successifs de la côte ; les cigognes sont rarement visibles car elles volent très hauts, elles passent au-dessus de notre région pour aller de la baie de la Somme, le Marquenterre, vers la baie de Seine dans le marais Vernier, et vice-versa; nous avons toujours pensé que la pose de nids de cigognes serait ici propice à une station temporaire de cet animal protégé ;  les bécasses fréquentent régulièrement la vallée tous les hivers ; il a toujours été difficile de comprendre leur allées et venues, ici certainement le long de la côte, sans doute également pendant les nuits à clair de lune ; avec leur long bec, elles fouillent les vers et insectes sous les feuilles et sous les mousses, elles laissent des « miroirs » blancs, leur passage et leur présence est ainsi reconnaissable ; elles sont démunies et donc protégées par temps de gel quand le sol devient dur. Les prélèvements des chasseurs pour cet animal sont désormais limités et comptés ; la chasse de cet animal avec son chien d’arrêt est sans doute l’un des meilleurs moments qui soit.

Les oiseaux communs

Les pigeons ramiers, les grives, merles, pies, les passereaux ..

Les rapaces: buses, faucons et éperviers; protégés comme les oiseaux marins, ils y sont également dominants

Des faisans ont été introduits par les chasseurs il y a quelques années, avec un certain succès, malgré les renards.

Les animaux à poils

Les lapins résident très couramment dans la valleuse, sous les ronciers, ils creusent des garennes dans les poches de terres sablonneuses ; toutefois, compte tenu de sa prolifération rapide, il a disparu pendant de nombreuses années du fait de l’introduction volontaire de la myxomatose ; de nouvelles générations apparaissent à chaque printemps mais disparaissent dès l’été avant même l’ouverture de la chasse ; en ce début d'année 2016, les lapins paraissent être en nombre.

Quelques lièvres gitent habituellement sur les plateaux environnants de Senneville et d’Eletot mais lors des grands vents et des tempêtes, ils peuvent venir s’abriter dans la valleuse ; de même quelques perdreaux…

Les chevreuils sont apparus dans la valleuse dans les années 1990 ; après plusieurs années de reproduction sur place, ils y sont désormais véritablement implantés ; sans jamais avoir pratiqué de comptage, ils sont régulièrement une dizaine sur l’ensemble de la valleuse ; les gites et les frottis y sont très visibles ; l’espèce est à protéger, elle réclame le moins de circulation possible, notamment lors des temps de reproduction en juillet-août.

Les renards, les blaireaux sont courants dans la valleuse ; les terriers creusés sont reconnaissables ; liés en principe à la présence des lapins, ils sont désormais en quête des animaux marins dans les falaises, et des déchets humains dans les villages ; espèce migrante venant de l’est de la France, les renards sont en surnombre en Seine-Maritime (limitée à l’ouest par la mer et par la Seine) ; le piégeage est nécessaire (1 000 par an dans le département).

Les sangliers sont apparus ici il y a quelques années ; comme les renards ils sont migrateurs venant de l’est de la France et donc en surnombre en Seine Maritime ; initialement seulement de passage dans la valleuse, ils y stationnèrent pendant deux ans en 2013-2014, en s’y reproduisant ; chassés en février 2015, ils ont provisoirement disparus,

Les reptiles résident dans la valleuse, sans pouvoir dire si ce sont des couleuvres ou des vipères ; les promenades en bottes avec un bâton à la main sont nécessaires, surtout l’été par temps chaud.

Les interventions humaines

Les bungalows

Ils existent dans la valleuse depuis longtemps, comme en témoignent les anciennes cartes postales ; d’abord simples cabanes en bois pour remiser les outils des potagers, elles servent par la suite pour les pique-nique des citadins, les week-ends à la campagne et à la mer ; au fur et à mesure, les constructions sont agrandies et puis bétonnées, la plupart du temps sans autorisation municipale ; une politique locale a été désormais entreprise pour limiter les cas de constructions, voire les supprimer ; l’idée est de restituer à la valleuse son état d’origine ; la question tout de même est de savoir à quel stade s’en remettre ….

Ce qui est sûr, c’est qu’il n’y aura jamais dans la valleuse d’eau courante, d’électricité ou de tout à l’égoût comme à Grainval commune de Saint-Léonard … seules les éoliennes ou les panneaux solaires pourraient y produire de l’énergie …

Les potagers

Selon la tradition, la valleuse comportait autrefois sur les deux pentes des potagers où la pomme de terre poussait parait-il avantageusement ; le parcellaire cadastral fait encore état de ces potagers possédés par la plupart des familles d’Eletot ; tout à l’origine, peut-être s’agissait-il, comme à Grainval, d’une grande parcelle communale subdivisée et distribuée pendant ou après la Révolution entre les concitoyens demandeurs d'un lopin de terre; désormais, ces potagers ont été abandonnés.

Les plantations

Les plantations sont pour la plupart naturelles et sauvages mais certaines ont aussi été implantées de la main de l'homme: des bouquets ou haies d'arbustes, les alignements d’arbres, en bordure de champs ou en limites de propriété, des massifs d'hortensias, des jonquilles, etc ...

Les chasseurs

Les chasseurs d’Eletot ou de Senneville ont toujours assuré l’occupation hivernale de la valleuse avec la surveillance des lieux, l’entretien des layons, la régulation du gibier et parfois le piégeage des nuisibles et puis le ramassage des canettes de bière …

Le conservatoire du littoral

Cet organisme public s’est intéressé à la valleuse depuis quelques années -2010-  en rachetant les parcelles possédées par la commune d’Eletot, puis en contactant les propriétaires des petites parcelles des anciens potagers, enfin en étant bénéficiaire avec la commune d’un droit de préemption ; propriétaire désormais de 18 hectares (et non 74 hectares comme parfois indiqué), surtout sur le versant d’Eletot, la gestion des parcelles serait assurée par l’association Aqua Caux …

Autres

Un mot seulement sur les piétons de plus en plus nombreux qui empruntent le GR, sur les véhicules qui souvent par curiosité font l'aller-retour, sur les quads et motocross qui à grand bruit empruntent parfois les layons privés, sur le club d'aéromodélisme qui surplombe la vallée surtout les week-end ...

Les mesures d’interventions et de protections applicables :

        Elles sont nombreuses, avec notamment :

Le POS ou Plan d’Occupation des Sols de la commune, approuvé le 2 février 1989, modifié trois fois ; il sera remplacé par le PLU ou Plan Local d’Urbanisme en cours d’élaboration.

Les Plans de Préventions des risques – naturels, technologiques et majeurs ou DICRIM eu 6 février 2004

Le Droit de préemption de la commune avec délégation au Conservatoire du Littoral ?

Le Droit de préemption de la SAFER

Les quatre Droits de préemption ou de préférence forestier – articles L 331-19 à 21 du Code Forestier

Le Site classé de la côte d'Albâtre

Directive Habitats Faune Flore du littoral cauchois

ZNIEFF de type 1, numéro 230000751 de Fécamp à Saint Pierre en Port

ZNIEFF de type 2, numéro 230000299 du littoral de Fécamp à Veulettes

SIC ou Site d'importance communautaire du littoral cauchois; ZPC ou zone spéciale de conservation

Site Natura 2000 avec la  ZPS ou zone de protection spéciale européenne du littoral Seino-Marin ; du cap d'Antifer au cap d'Ailly; arrêté du 3 septembre 2013

ENS ou espace naturel sensible, classé en 2003

Conclusion

La préservation de la nature est de la responsabilité de tous, concernant à la fois les personnes privées comme celles publiques, les sédentaires comme les passagers, qu'ils soient agriculteurs, chasseurs, marcheurs, naturalistes ou simplement amoureux de la nature.